Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 12 juin 2019 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Revenons à mon propos initial : si vous semblez avoir gagné, c'est que nous avons perdu. Nous, la droite. Toute la droite. Incapables de nous réunir, de passer outre nos divisions, de taire nos ambitions, de ranger au placard nos ego, nous vous déroulons le tapis rouge, faisant votre jeu contre les intérêts de ceux qui nous font confiance et votent pour nous.

J'entends d'ici les mêmes – toujours les mêmes – expliquer qu'il y aurait un fossé entre la droite et ce que j'appelle moi la droite de la droite.

Je vous prends au mot, monsieur le Premier ministre, vous qui appelez au dépassement des postures et des vieux clivages : en fait, terrorisée à la seule idée d'être accusée de rompre les digues et de franchir la ligne rouge, notre bonne vieille droite abandonne peu à peu ses idées et ses valeurs – je vous retourne l'argument de ces valeurs que vous nous lancez sans cesse au visage – pour se jeter dans les bras du macronisme triomphant, ou, disons-le plus brutalement, s'agissant de certains de ses représentants, pour aller à la soupe.

Or, qu'est-ce qui nous sépare réellement, qu'est-ce qui nous empêche de faire front commun contre un pouvoir dont ensemble nous dénonçons les manquements, dont ensemble nous votons certaines propositions quand elles nous semblent aller dans le bon sens ?

Prenons par exemple l'épineuse question de l'immigration. De qui la droite classique est-elle la plus proche : d'un gouvernement qui élargit encore un peu plus le regroupement familial, qui dépense toujours plus d'argent pour l'aide médicale d'État, cette sécurité sociale des clandestins, ou de députés qui comme moi, comme vous, tiennent des propos bien en-deçà de ce que réclamait le RPR des années 90, un RPR qui osait alors parler de préférence nationale ?

Pourtant, rien n'y fait : comme un lapin pris dans les phares d'une voiture, vous êtes, mes amis de droite, paralysés par les projecteurs des médias qui traquent le moindre pas fait dans notre direction.

C'est vrai : la droite, notre droite, est divisée sur les questions économiques, sur lesquelles elle se montre plus ou moins libérale, ainsi que sur l'Europe, même si c'est de moins en moins évident, et sur d'autres points encore.

Rappelez-vous cependant le fossé, le gouffre plutôt qui séparait un Robert Fabre, patron des radicaux de gauche, d'un Georges Marchais, chef du parti communiste du temps de l'Union de la gauche. Et nous sommes assez stupides, assez bêtes pour refuser de faire un bout de chemin ensemble parce qu'en face, on nous explique que nous sommes encore dans les années 30 ?

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