Intervention de Maxime Minot

Séance en hémicycle du lundi 17 juin 2019 à 16h00
Engagement citoyen

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Minot :

Nous examinons aujourd'hui une proposition de résolution invitant le Gouvernement à poursuivre et amplifier son effort en faveur d'une politique ambitieuse d'engagement citoyen. Sur le fond, je ne peux que souscrire à cet appel. « L'engagement citoyen » : ces mots sont au coeur de la politique, évidemment, mais ils concrétisent aussi le rapport que tout citoyen, élu ou pas, entretient avec la société dont il est membre. On s'engage en politique, ou dans la vie associative, ou dans son travail, parce que l'on veut agir, construire et, en tout cas, interagir avec les autres.

L'engagement citoyen, politique ou associatif, pour une cause, est indispensable pour faire société et ainsi créer, dans la République, les conditions du respect de l'autre. Alors que la société est de plus en plus individualiste, jamais le besoin de s'engager n'a paru plus important et, naturellement, les jeunes ont pour immense responsabilité de faire que l'engagement reste un ciment de notre société.

Encore faut-il que les moins jeunes donnent aux plus jeunes les moyens de s'engager, qu'ils encouragent les initiatives et stimulent les ambitions. Si la jeunesse est confrontée à de multiples difficultés, je tiens à souligner qu'elle porte aussi tous les espoirs d'une société meilleure.

En effet, chacun de nous a, je crois, pleinement conscience de l'importance pour les jeunes et, plus généralement, pour l'ensemble des Français, de leur engagement au service des autres. Car c'est justement cette implication, cette volonté qui rend notre démocratie vivante et donne à notre République sa force, nécessaire à son avenir.

Je ne peux que saluer toutes celles et tous ceux qui font le choix, dans le contexte actuel de repli sur soi et d'individualisme exacerbé, d'aller vers les autres en donnant de leur temps et de leur énergie pour une cause qui les dépasse, mais qui nous sert tous. Si je pense, notamment, à ces jeunes qui ont commencé hier le service civique universel, je pense aussi à tous ces Français et à toutes ces Françaises qui, dans nos territoires, font vivre le tissu associatif local, en plus de leurs activités professionnelles et d'une vie de famille parfois très remplie.

Comme il a été rappelé, le compte d'engagement citoyen et le fonds d'expérimentation pour la jeunesse, deux mesures prises d'ailleurs par deux majorités différentes – ce qui illustre bien le fait que le sujet est transpartisan – , constituent, pour nos compatriotes, des outils leur permettant de s'investir dans cette voie. Il nous faut, sans aucun doute, aller plus loin, d'autant que la crise des vocations est une réalité que nous sommes nombreux à constater dans nos circonscriptions respectives. Cette crise est bien évidemment, et vous pardonnerez à l'ancien maire d'Etouy que je suis de l'évoquer, à mettre en parallèle avec celle des élus municipaux, confrontés à la complexification croissante de la législation, à la dilution des compétences, au manque de moyens ou encore à l'augmentation du nombre des mises en cause juridiques.

Bien évidemment, nous devons tout mettre en oeuvre pour favoriser cet engagement citoyen : le recours au financement privé ici proposé est une bonne idée pour ne pas faire peser l'ensemble de l'effort sur le contribuable, à plus forte raison après la suppression de l'ISF, qui a sans doute découragé de nombreux contributeurs privés. Une proposition de loi du MODEM, sans traiter la question de l'avenir des associations de manière globale, a voulu également répondre à cette question.

Mais, comme à leur habitude, la majorité parlementaire et le Gouvernement, adeptes de cette politique désormais emblématique du « en même temps », donnent d'un côté pour reprendre toujours davantage de l'autre. C'est, malheureusement, une triste réalité que de constater le nombre important d'associations qui jettent l'éponge faute de financements. Elles sont pourtant essentielles pour faire vivre nos territoires et oeuvrer en faveur de l'engagement citoyen que nous appelons tous de nos voeux.

Or, monsieur le secrétaire d'État, cette situation ne date pas de vos prédécesseurs : elle est le résultat de votre politique, qui fragilise les associations mois après mois. Peut-être par dogmatisme ou ignorance des réalités du terrain, la majorité et les groupes associés ont voulu supprimer la réserve parlementaire – de nombreux orateurs ont rappelé avant moi qu'elle rendait bien des services – , au motif qu'il fallait rompre avec un clientélisme d'un autre âge. Si celui-ci a sans doute existé de manière marginale, la grande majorité des parlementaires utilisaient la réserve de manière raisonnée ces dernières années.

Presque deux ans après la réforme instituant le fonds de développement de la vie associative visant à compenser cette suppression, les retours des acteurs concernés autant que les chiffres sont sans appel. Prenons l'exemple concret de l'Oise. Jusqu'en 2017, près de 910 000 euros étaient distribués aux associations par le truchement de cette réserve parlementaire ; en 2018, 235 000 euros ont été distribués, lesquels ont bénéficié à 120 structures, alors que les demandes se comptaient par centaines.

Ce manque de moyens, vous le savez aussi bien que moi, affecte le tissu associatif local et donc national. À l'échelle nationale et par projection, ce sont plusieurs millions d'euros en moins pour les associations, ce qui, compte tenu des besoins et du contexte – fin des contrats aidés et baisse sans précédent des dotations – , est loin d'être négligeable.

Ainsi, plus que des déclarations d'intention, les associations, comme nos compatriotes qui veulent s'engager au quotidien, attendent-ils des actions concrètes. C'est pourquoi le groupe LR continuera, comme il l'a toujours fait depuis le début de la législature, de voter les projets et propositions de loi qui vont dans le bon sens. Nous voterons donc en faveur de cette proposition de résolution.

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