Intervention de Sandrine Le Feur

Séance en hémicycle du mercredi 26 juin 2019 à 21h30
Énergie et climat — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Le Feur :

Nous voici réunis afin d'examiner le projet de loi relatif à l'énergie et au climat. En premier lieu, je tiens à saluer le rôle de mes collègues députés, rapporteurs et responsables de groupe, qui ont su mener des auditions de qualité et un véritable travail collégial lors des débats en commission.

Dans la continuité du plan climat de 2017, de la programmation pluriannuelle de l'énergie ou encore de la loi d'orientation des mobilités, ce texte vient rappeler, alors que nous subissons de plein fouet cette semaine les effets du dérèglement climatique, nos ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que dans la lutte contre les changements climatiques.

Nous connaissons l'urgence à agir et il est plus que nécessaire aujourd'hui de faire des choix politiques concrets et pragmatiques, qui nous permettront, dans un futur proche, d'atteindre nos objectifs.

C'est dans cette perspective que je salue notamment dans ce texte : l'inscription des objectifs de neutralité carbone à l'horizon de 2050 ; la création du Haut Conseil pour le climat afin de veiller au respect de ces objectifs et d'émettre des recommandations ; la diversification du mix énergétique.

Je sais que d'autres sujets seront également au coeur de nos échanges, comme la question des passoires thermiques ou l'accompagnement des salariés lors de la fermeture des centrales à charbon.

Je souhaite à présent axer mon propos sur le rôle que peut jouer l'agriculture pour contribuer à nos objectifs. En effet, j'ai conscience que nous devons prendre nos responsabilités dans ce secteur compte tenu de notre objectif de réduction des gaz à effet de serre et des enjeux de la neutralité carbone.

Ne pas prendre ce secteur en compte, c'est oublier qu'il sera la première victime du dérèglement climatique. Sécheresse, inondations, intempéries, ces périodes de catastrophes naturelles pourraient devenir quotidiennes, ce qui nous contraindrait à indemniser les agriculteurs et à les accompagner face à ces défis. Ce serait un coût pour la société et le secteur souffrirait encore davantage.

Je vois pourtant une chance de trouver aujourd'hui de véritables solutions pour que l'agriculture soit à l'initiative de ces changements. Le développement de la méthanisation est une opportunité. Néanmoins, je pense qu'il faut savoir anticiper tous les effets de ce développement, par exemple veiller à ne pas appauvrir nos sols et à préserver leur caractère alimentaire. Ceux-ci, en effet, risquent de devenir peu efficients. Le prélèvement du carbone des sols pour le méthaniseur via les matières organiques les appauvrira. À long terme, ils ne seront plus capables de produire et nous pourrions nous retrouver dans une situation bien plus périlleuse que celle que nous connaissons actuellement.

Le problème de l'absorption de l'azote des digestats se pose également. Les sols d'aujourd'hui, appauvris en bactéries, ne captent plus cet azote qui devient pour une partie volatile. Les NOx – oxydes d'azote – se retrouvent dans l'atmosphère et accentuent le réchauffement climatique.

Enfin, il est nécessaire de réfléchir à long terme et de manière globale au développement de systèmes résilients comme l'agroforesterie qui, non seulement, apportent de la biodiversité, mais possèdent bien d'autres vertus : ils protégeraient nos sols des canicules en formant un microclimat autour des productions, répondraient au manque d'eau, puisqu'il faudra limiter l'évaporation des sols, les régénéreraient par l'apport de matière organique directe et stockeraient du carbone à très grande échelle, ce qui correspond parfaitement aux objectifs du projet de loi.

La végétalisation des sols ne concerne pas seulement les campagnes. Nos villes mériteraient également de connaître un tel développement, puisque, selon l'ADEME – l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie – , planter un arbre en ville permettrait de remplacer cinq climatiseurs. La chute de la température qu'entraîneraient ces plantations pourrait atteindre jusqu'à dix degrés !

Ainsi, mes chers collègues, nous avons face à nous de sérieux défis. Il s'agit là non d'un discours alarmiste, mais d'un discours de vérité, de terrain, prévoyant des solutions pragmatiques. Il ne tient qu'à nous, parlementaires, de les impulser, de les pousser pour nos concitoyens et pour notre planète.

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