Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du vendredi 28 juin 2019 à 9h30
Énergie et climat — Après l'article 3 duodecies

François de Rugy, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Je souhaiterais apporter une précision, en complément de l'intervention de M. le rapporteur. L'amendement vise à imposer l'agroforesterie à toutes les exploitations agricoles de plus de 20 hectares, soit la plupart des exploitations agricoles de France. En seraient exclues les plus petites, ou des exploitations de type maraîcher ou d'une nature comparable.

Il n'est nul besoin d'être un grand connaisseur de l'agriculture pour savoir que, selon les types de cultures et les régions, cet amendement serait absolument impossible à mettre en oeuvre. Vous voyez bien que, dans des régions abritant des exploitations de grandes cultures, par exemple céréalières, on ne peut pas décréter, comme cela, qu'on va faire de l'agroforesterie – ou alors, ça signifierait qu'on ne définit pas sérieusement cette forme d'utilisation des terres.

J'ai visité des exploitations agricoles qui recourent à l'agroforesterie, pratique qui est d'ailleurs en développement, et qui est adaptée à tel ou tel type de culture. Je suis un partisan de ce mode d'exploitation et souhaite que l'on agisse de manière volontaire en ce domaine. Je crois profondément que c'est un moyen de répondre aux défis du climat et à certains enjeux agricoles. Toutefois, on ne peut pas l'édicter comme cela, par un amendement de ce type. On peut partager votre volonté et votre ambition sans adopter une telle disposition, qui serait inapplicable er resterait donc lettre morte.

Par ailleurs, nous employons d'autres outils, tels ceux que nous entendons développer avec le ministre de l'agriculture et de l'alimentation, relatifs aux paiements pour services environnementaux, qui conduiront en particulier, très concrètement, à développer les plantations de haies. Cela concernera aussi les grandes cultures ; les céréaliers sont prêts à le faire, à partir du moment où il existe des mécanismes incitatifs, qui s'intégreront à la nouvelle politique agricole commune – telle est, du moins, la position que nous défendons au niveau européen. Je vous demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.

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