Intervention de Cécile Tournu-Sammartino

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Cécile Tournu-Sammartino, rapporteure pour l'IHEST :

– La deuxième recommandation préconise de continuer à soutenir la R&D. En effet, d'un côté, des acteurs majeurs sont présents en France, tels que le CEA, l'Ademe et les départements recherche des grandes entreprises – tout particulièrement Air Liquide et ENGIE – et de l'autre, des enjeux de recherche autour de la diminution des coûts demeurent. Finalement, il existe une opportunité pour la France, et plus largement pour l'Europe, de développer une nouvelle filière industrielle dont le marché prévisionnel se chiffre en milliards d'euros. Il est donc indispensable de soutenir les projets multi-acteurs de R&D, publics et privés, multi-filières, multi-sectoriels et multi-usages, comme cela se fait déjà au niveau européen. Au-delà des 100 millions d'euros de soutien débloqués cette année par l'Ademe, il nous paraît aussi important de maintenir l'effort le plus régulier possible sur plusieurs années.

La troisième recommandation est de mieux structurer la remontée d'informations issues d'expérimentations menées sur les territoires. En effet, le sujet « hydrogène et mobilité » oblige, en raison de sa technologie décentralisée, à penser sur des temps moins longs et de manière moins mono-filière. Le niveau territorial devient, de fait, un espace d'expérimentation pertinent avec une mise en relation facilitée d'acteurs multiples, et sur des temps plus courts. Les régions ne s'y sont d'ailleurs pas trompées, par exemple en mettant en place des bus ou des bateaux. Le soutien à ces initiatives locales, de notre point de vue, s'impose à l'État. L'intelligence collective des acteurs et des régions doit être favorisée et optimisée, pour capitaliser les connaissances, les productions et les usages.

Ceci nous amène à la quatrième recommandation, qui est d'intégrer les citoyens dans le plan de développement de l'hydrogène. En effet, la société semble méconnaître cette technologie, envers laquelle elle entretient même des a priori et de la méfiance. Les citoyens s'interrogent notamment sur le point de savoir si l'hydrogène est explosif, sur les risques d'habiter près d'une station-service à hydrogène, ou encore sur les risques encourus en laissant se garer des voitures à hydrogène dans les parkings publics. Plus largement, il s'agit aussi de prendre en compte les évolutions sociétales sur le mieux-vivre et sur la décroissance positive, et donc les impacts quant à nos pratiques de déplacement. Il devient donc utile et indispensable de faciliter la prise de conscience sociale sur le sujet de la mobilité durable et le bouquet énergétique, dont l'hydrogène est la composante la moins connue. Il faut partager une information coordonnée, faciliter les débats publics permettant d'éclairer les aspects précités et les différents leviers de la mobilité durable.

En conclusion, il est important pour nous de maintenir l'effort de R&D, de continuer à favoriser les expérimentations régionales et de faciliter la capitalisation de ces informations, de renforcer la coordination des acteurs pour saisir les opportunités de la nouvelle filière « Mobilité et hydrogène ». Des trains à hydrogène Alstom circulent en Allemagne. Les connaissances sont avancées sur les électrolyseurs, même si par ailleurs dans le domaine de l'automobile, la plupart des véhicules à hydrogène actuels sont asiatiques. Il y a ainsi une opportunité économique et politique à saisir, qui coïncide également avec l'urgence croissante à traiter les problèmes climatiques, d'environnement et de santé publique.

Comme nous l'avons constaté lors de nos différents échanges, soutenir la filière sans garantie de succès est un risque. De notre point de vue cependant, ne pas la soutenir présente aussi le risque de rater une opportunité importante.

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