Intervention de Gérard Longuet

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Gérard Longuet, sénateur, président de l'Office :

– En conclusion, vous nous dites au fond qu'on en parle depuis longtemps, et que les progrès sont lents. J'ai présidé la région Lorraine, qui est de tradition industrielle, notamment liée au charbonnage. Pourtant dans l'Est mosellan, un travail sur l'hydrogène avait été lancé depuis fort longtemps. La difficulté est évidente. Il s'agit finalement de savoir si l'on peut gagner de l'argent dans des échéances compatibles avec des investissements privés. La réponse est manifestement négative. Il existe en outre une question passionnante que j'étudie actuellement dans le cadre d'une commission d'enquête du Sénat sur la souveraineté numérique. Nos modèles économiques de développement des technologies nouvelles sont portés par un principe absolument contraire à celui que vous suggérez, que je comprends et que je soutiens. Vous parlez de réseau, de dispersion territoriale et de nécessité de coopération. Madame Royal et Monsieur Hulot ont certainement lancé des initiatives, mais en général les moyens sont insuffisants pour mener les développements jusqu'à leur terme. Surtout, il n'existe aucune légitimité à avoir une ambition de taille mondiale, pour mettre en oeuvre le principe qui mobilise les financiers : « le gagnant prend tout ». Nous prolongeons des schémas de développement qui sont ceux des XIXe et XXe siècles, ce qui ne me choque pas. L'automobile est en effet née dans des ateliers de bricolage familiaux, dans un contexte de dispersion généralisée et dans un système de sélection progressive et étalée dans le temps.

Aujourd'hui, tous les financiers privés rêvent d'obtenir des jackpots, en pariant sur le produit miracle qui leur donnera une position de leader mondial. Dans le schéma de l'hydrogène, il existe en France quelques grands investisseurs. Il y a Air Liquide bien entendu, mais aussi Michelin, qui sont très impliqués dans la mobilité hydrogène. Toutefois, il s'agit encore d'industriels traditionnels qui avancent à la vitesse de la maîtrise des technologies et du déploiement des infrastructures.

Finalement, aucun acteur capitaliste ne s'intéresse vraiment au sujet, et en tout état de cause avec aucune ambition dominante. S'il existe un foisonnement d'expérimentations, aucun projet industriel ne prévaut pour le moment. Je pense que cela viendra, mais que la situation avancera au rythme de la nécessité.

Votre travail passionnant présente l'immense avantage pour nous, de parvenir à le comprendre. Celui qui va suivre sera, de ce point de vue, d'une nature bien différente.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.