Intervention de Pierre-Henri Dumont

Séance en hémicycle du mercredi 17 juillet 2019 à 15h00
Accords entre l'union européenne et le canada — Motion d'ajournement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Il est inacceptable, parce que 70 000 tonnes de viande bovine canadienne importées en Europe à droits de douane nuls représentent une multiplication par 18 des quotas précédents, et parce que cette inflation drastique déstabilisera totalement la filière d'excellence française.

Nous connaissons les arguments du Gouvernement et de la majorité. Ils mentent par omission en expliquant que ces 70 000 tonnes ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan de la consommation de boeuf en Europe, ne représentant que 0,5 % du total de la consommation européenne. Ils mentent car ils oublient de dire que ces 70 000 tonnes de viande bovine seront composées non pas de toutes les parties de l'animal, mais presque exclusivement de l'aloyau, la partie noble, pour la simple raison que le marché nord-américain est friand de viande hachée, transformée à partir des matières non nobles, et que ce qui sera exporté, c'est ce qui ne sera pas consommé sur place : les faux-filets, les filets, les rumstecks et les bavettes. En Europe, la consommation d'aloyau représente 400 000 tonnes par an ; les 70 000 tonnes de viande canadienne ne représentent donc pas 0,5 % de la consommation de boeuf européen, mais bien 17 % de la consommation d'aloyau du continent. Par ailleurs, en se situant sur le segment haut de gamme, les importations canadiennes concurrenceront directement les éleveurs français, entrés dans une démarche qualitative forte et détenteurs d'un tiers de toutes les têtes de bétail européennes.

La suppression des droits de douane pour la filière bovine canadienne mettra donc en péril la pérennité du secteur d'élevage bovin français dans son ensemble.

Au-delà d'un secteur économique essentiel, il est question ici d'aménagement du territoire. Pour se nourrir et produire du lait et de la viande, les herbivores pâturent sur 11 millions d'hectares de prairies permanentes et 2,5 millions d'hectares de parcours de montagne en France. Ces grands espaces verts n'existeraient pas sans les éleveurs et leurs troupeaux.

Du point de vue environnemental, les prairies protègent les sols contre l'érosion, limitent les inondations, les incendies et les avalanches, permettent de réduire l'utilisation d'énergie dans les exploitations et participent à la lutte contre le réchauffement climatique en stockant du carbone.

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