Intervention de Marguerite Deprez-Audebert

Séance en hémicycle du jeudi 3 octobre 2019 à 9h00
Amitié franco-allemande — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarguerite Deprez-Audebert :

Le traité de l'Élysée a résisté à l'épreuve du temps. Signé en 1963, il y a donc 56 ans, ce traité et ses dispositions trouvent encore aujourd'hui un écho dans notre parlement. En effet, c'est bien dans cette perspective d'une réconciliation que les relations étroites entre la France et l'Allemagne se sont poursuivies.

Fin janvier dernier, nous avons pu assister à une nouvelle phase de la coopération franco-allemande. Le Président de la République, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont signé un nouveau traité franco-allemand de coopération et d'intégration, que nous ratifierons mardi prochain. La France et l'Allemagne, en affichant leur volonté de renforcer leur amitié, ont voulu envoyer un message clair : affronter ensemble les défis permanents du XXIe siècle. Cette nouvelle étape est essentielle dans le nécessaire travail de convergence des deux plus grandes puissances de l'Union européenne.

Le traité trouve aujourd'hui sa traduction parlementaire avec la création, le 25 mars dernier, de la première assemblée parlementaire franco-allemande. En tant que membre de cette nouvelle assemblée, je suis ravie de contribuer concrètement à cette histoire commune que nous voulons écrire.

Son objectif est de mettre en oeuvre des processus opérationnels, pragmatiques et communs afin de dynamiser nos partenariats. C'est dans ce but que l'Assemblée parlementaire franco-allemande a adopté tout récemment, à Berlin, lors de sa seconde réunion, la résolution que nous présentons ce matin à la représentation nationale. Il ne s'agit pas de négliger nos relations avec nos autres voisins, mais la France et l'Allemagne ont plus que jamais un rôle moteur à jouer, essentiel pour tous les acteurs européens. Si nos deux pays parviennent, grâce à un travail ambitieux, à plus de convergence, l'Union ne pourra que s'en inspirer et progresser.

Le renforcement de la construction d'une relation de paix et de coopération entre la France et l'Allemagne s'inscrit d'emblée dans une perspective qui dépasse le cadre bilatéral. On a coutume d'entendre que lorsque le moteur franco-allemand fonctionne bien, l'Europe avance ; cet adage n'a jamais été démenti. Considérée comme le ciment d'une Europe unie, la raison d'être du tandem franco-allemand reste la construction européenne.

Cela ne signifie pas que les deux pays partagent une vision parfaitement identique. Néanmoins, face aux crises successives des cinquante dernières années, la capacité d'initiative et de dialogue dont le couple franco-allemand a fait preuve a confirmé l'intérêt pour l'Europe que les dirigeants de Paris et de Berlin parviennent à une perspective commune.

Les enjeux sont grands. C'est pour cela que nos deux pays doivent n'avoir de cesse d'enrichir une relation ouverte, fondée sur des valeurs communes de pluralisme, de solidarité et de justice – et c'est une non-Alsacienne qui l'affirme ! Je suis en effet convaincue que nos deux pays ne peuvent désormais progresser qu'en avançant sur deux jambes : une jambe économique et une jambe sociale – avec une conscience écologique, bien entendu. Ainsi, les mesures 3 et 4 de la proposition de résolution, qui permettent une meilleure mise en oeuvre de l'accord de Paris sur le climat à travers une tarification du dioxyde de carbone élargie à de nombreux secteurs ou encore l'élaboration d'un code économique franco-allemand, s'inscrivent directement dans cette convergence des normes sociales, économiques et écologiques à laquelle le MODEM est tout particulièrement attaché.

Si la France et l'Allemagne ont souvent des approches très différentes dans ces trois domaines, la proposition de résolution témoigne bien de la volonté de nos deux assemblées d'harmoniser et d'unir leurs stratégies. Les dispositifs d'échange doivent prolonger et étendre les liens noués par les générations précédentes, afin de renforcer notre coopération bilatérale et transfrontalière – le comité de coopération transfrontalière devrait y contribuer, de même que l'association de l'Assemblée parlementaire franco-allemande au futur agenda commun et aux projets prioritaires qui y figureront.

Par ailleurs, cette proposition ne s'arrête pas aux initiatives législatives : elle vise à consolider la coopération dans le domaine de la recherche et de l'innovation, grâce à la création d'un groupe de travail sur l'intelligence artificielle, et à associer la société civile par la création d'un forum pour l'avenir franco-allemand Le fonds citoyen sera constitué dans ce but.

Enfin, les initiatives en faveur d'une plus grande coopération dans le domaine de la paix, de la sécurité et du développement ont une valeur plus que symbolique. Il s'agit d'être concret, de traduire cette volonté sur le terrain et dans tous les territoires.

L'ambition des parlementaires se reflète dans le texte dont nous débattons aujourd'hui. Nous sommes impatients d'agir de manière rapide et concertée avec pour fil conducteur la convergence des normes et pour objectif, une meilleure intégration européenne.

Le groupe du Mouvement démocrate et apparentés souhaite saluer le travail effectué autour de cette proposition de résolution ; nous lui apportons naturellement notre plein soutien.

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