Intervention de Gilles Le Gendre

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Le Gendre :

Mais la méthode l'est tout autant. La stratégie globale que nous appelons de nos voeux va de pair avec une approche très transversale, incluant tous les grands domaines de l'action publique : la régulation et les relations avec les pays de départ et de retour, bien sûr, mais aussi l'économie, la santé, le travail, le logement ou l'éducation.

Le présent débat s'inscrit dans une démarche interministérielle assez nouvelle, que nous approuvons sans réserve. Les députés de La République en marche qui prendront la parole après moi témoigneront de cette diversité d'approche thématique. Mais notre groupe souhaite que nous allions beaucoup plus loin et que l'organisation administrative, voire gouvernementale, évolue pour pérenniser cette méthode globale et incarner de manière visible la cohérence de nos politiques.

De la même manière, nous ne refonderons rien de solide sans avoir restauré la confiance, aujourd'hui entamée, entre les associations prêtes à prendre leurs responsabilités, les initiatives citoyennes et les pouvoir publics.

J'en viens maintenant à mon troisième et dernier point : le courage, qui consiste, d'abord et surtout, à dire la vérité aux Français. Légitimement impatients de mettre fin à des années d'impuissance, nos concitoyens réclament des mesures fortes et spectaculaires. Toutefois le symbolique n'est pas toujours synonyme d'efficacité. À l'inverse, les politiques de refondation que nous voulons engager mettront du temps à faire sentir leurs effets.

Le courage, c'est ensuite reconnaître le niveau européen comme celui où se situent les bonnes solutions. Les récentes élections européennes ont permis de mettre sur la table des propositions en soutien de l'action ambitieuse engagée par le Président de la République auprès de nos partenaires depuis le Conseil européen de juin 2018.

Lucides sur les conditions politiques, qui ne sont pas toutes réunies pour faire progresser ces propositions aussi vite que nous le souhaiterions, nous ne devons relâcher aucun effort pour une meilleure harmonisation des politiques d'asile en Europe, pour une plus grande solidarité entre les États membres dans la répartition et l'accueil des réfugiés et pour une remise à plat des accords de Dublin, rendus inopérants par le déséquilibre des pratiques.

Le courage, c'est encore se fixer pour seules limites, dans l'examen critique des dispositifs existants, notre tradition d'accueil et le respect de la dignité de toutes les femmes et de tous les hommes qui doivent les subir ou en bénéficier. Oui, l'asile est un droit, mais il nous faut veiller à identifier les failles de notre système et les abus et, le cas échéant, y mettre fin. Accueillir dignement, c'est peut-être assumer d'accueillir moins, mais en intégrant mieux, en métropole comme outre-mer.

Donnons-nous aussi les moyens de repenser notre politique en matière d'immigration économique. Posons-nous enfin la question de l'aide publique au développement. Une aide ne saurait se réduire à un chiffre, et un chiffre ne fait pas une politique.

Mes chers collègues, je veux croire que ce débat permettra de donner à notre politique migratoire et d'intégration le nouvel élan que nos concitoyens attendent. Nous abandonnons bien volontiers les étendards de l'hystérie et de la stigmatisation aux partisans de la division nationale, aux obsédés de l'insécurité culturelle, aux fabricants de fantasmes. Aux discours de défiance, imposons un programme de raison et de cohésion.

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