Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 9 octobre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 32

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Qu'on invente un autre rapport social, oui. Mais n'en tirez pas pour autant la conclusion que tout le projet de loi qui nous a été présenté n'a été qu'un prétexte, parce que ce n'est pas vrai. Il s'y trouve toutes sortes de questions extrêmement importantes et ardues qu'il est difficile de trancher.

D'ailleurs, nous n'avions pas de position de groupe sur chacun de nos amendements, même si, par solidarité, ils sont signés des noms de tous les députés insoumis. Plusieurs d'entre eux ont été déposés pour suggérer un débat, pour lancer une idée ; nous saurons un jour ou l'autre si ce problème valait ou non la peine d'être soulevé. C'est à la fin des débats, mardi prochain, que nous déciderons comment nous voterons. Nous verrons si le groupe La France insoumise estime que ce projet de loi tel qu'il est, c'est-à-dire comportant des imperfections, comme toutes les lois, mais aussi des points extrêmement importants pour tout le monde, vaut la peine d'être adopté.

En attendant, pour revenir à la question du rythme de révision, j'incite les collègues à se poser la question : qu'essayons-nous de faire, fondamentalement ? C'est de glisser entre la décision économique et la décision de l'expert une partie tierce appelée le citoyen, qui n'a pas l'éclairage de l'expert ni celui du décideur, mais qui essaie – il ne peut pas faire autre chose car, dans ce domaine, il n'y a pas de vérité absolue – d'introduire entre eux le pouvoir de la délibération rationnelle.

Et qu'est-ce que la délibération, sinon le fait de ménager du temps avant que les actions puissent s'exécuter ? Pour une fois, je plaide pour le temps court ; d'habitude, je plaide pour le temps long. Mais ces délibérations sur le temps court permettent d'empêcher que nous soyons emportés plus tard.

Collègues, je ne suis pas d'accord avec vous pour dire que nous pourrions ici, tout soudain, étudier une loi parce qu'un algorithme plus rapide, d'une capacité supérieure, serait apparu – ce n'est pas vrai – ou parce que nous aurions fait le saut vers les ordinateurs quantiques permettant des calculs d'une puissance extraordinaire en quelques secondes et modifiant ainsi complètement les conditions d'usage de l'intelligence artificielle. Non, il n'y aurait pas de loi.

Évidemment, il aurait fallu introduire l'intelligence artificielle dans la révision périodique du texte. Nous avons plaidé en ce sens mais l'amendement a été rejeté. Je prends cet exemple parce qu'il est assez saisissant et assez science-fiction pour que cela frappe tout de suite l'imagination, mais la même chose serait vraie pour la génétique et pour les autres domaines où le vivant peut être radicalement transformé par l'usage d'une technique que, la veille encore, on ne maîtrisait pas.

Voilà pourquoi le groupe La France insoumise est partisan de raccourcir le délai de révision. Le reste du temps, nous sommes toujours pour la reconquête du temps long, qui est l'un des enjeux essentiels dans notre société. Mais, dans ce cas précis, pour conquérir le droit à la maîtrise du temps long, il faut un temps court qui nous permette de nous saisir des problèmes au moment où ils apparaissent.

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