Intervention de Max Mathiasin

Séance en hémicycle du mercredi 6 novembre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMax Mathiasin, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques :

La vie chère est une préoccupation majeure dans les territoires ultramarins. Conséquence inéluctable de l'éloignement, de l'insularité et de l'étroitesse des marchés locaux qui ne permettent pas de réaliser des économies d'échelle, elle ne saurait pourtant être une fatalité.

Transformer en atouts les apparentes faiblesses liées à l'éloignement, à l'insularité et à l'étroitesse des marchés, telle est l'ambition du présent budget de la mission « Outre-mer ». Ses crédits traduisent cette ambition en affichant un montant équivalent à celui de la loi de finances pour 2019, à périmètre constant, soit 2,61 milliards d'euros.

Les transferts et les changements de périmètre rationalisent l'affectation des crédits et en améliorent la lisibilité, sans pour autant porter atteinte à la cohérence d'une mission qui décline ses priorités dans les programmes « Emploi outre-mer » et « Conditions de vie outre-mer ». Si le budget de la mission « Outre-mer » paraît globalement stable, hors mesures de périmètre et variations des prévisions de l'ACOSS, il fait néanmoins apparaître une légère baisse des crédits de paiement, de 0,7 %, alors que les autorisations d'engagement affichent une progression de 2 %. La diminution des crédits de paiement doit toutefois être relativisée au vu des difficultés de consommation des crédits révélée par l'exécution budgétaire en 2018 et au cours de l'exercice 2019.

Outre sa stabilité, le présent budget affiche une double volonté : faire du développement économique durable des outre-mer l'une de ses priorités, et apporter aux collectivités territoriales une aide en matière d'ingénierie, en affectant à ce poste 13 millions d'euros de crédits.

Pour résoudre le problème de la vie chère, j'ai choisi d'analyser plus spécifiquement le rôle que jouent les importations agroalimentaires en outre-mer dans le renchérissement de 20 % à 30 % du coût de la vie, du fait des coûts d'approche et de l'insuffisance de la production locale.

Pour développer la production agricole locale – qualifiée d'exemplaire par le président Macron lors de son récent déplacement dans l'île de La Réunion – , je préconise plusieurs mesures : pérenniser et moderniser les taxes, dont l'octroi de mer, afin d'encourager le développement de la production locale ; instaurer une taxe sur la valeur ajoutée – TVA – à 0 % pour les produits importés de première nécessité n'ayant pas d'équivalent dans la production locale ; octroyer des aides spécifiques pour encourager la diversification de cette dernière ; enfin, instituer des aides spécifiques à la création de labels ultramarins pour des produits bruts ou transformés sur place, afin d'opérer une montée en gamme et de conquérir de nouveaux marchés en métropole, en Europe et à l'international. Le développement de la production agricole ultramarine est un moyen efficace de lutter contre la vie chère.

Je terminerai par une citation de notre compatriote Simone Schwarz-Bart, extraite de Pluie et vent sur Télumée Miracle : « Le pays dépend bien souvent du coeur de l'homme : il est minuscule si le coeur est petit, et immense si le coeur est grand. » Il en est de même des crédits de notre mission : je ne doute pas que le coeur des ultramarins et de notre ministre, Mme Annick Girardin, est grand. C'est pourquoi nous espérons que les engagements pris par le président Macron lors de son déplacement à La Réunion se traduiront par une augmentation des crédits du comité interministériel des outre-mer, le CIOM, dès l'an prochain. Néanmoins, je voterai les crédits de la mission « Outre-mer ».

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