Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 7 novembre 2019 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission santé (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Comme M. Aviragnet vient de le dire, vous offrez l'application la plus caricaturale et catastrophique de la politique du « en même temps ». Vous prétendez faire preuve en même temps d'humanité et de fermeté ; tout ce que vous faites revient à légitimer politiquement et idéologiquement toutes les idées reçues, toutes les fake news – nous en avons encore entendu quelques-unes dernièrement – et toutes les stigmatisations opérées depuis des années ; vous avez décidé de remettre sur la table ce débat désormais annuel de l'immigration : c'est votre Gouvernment qui a choisi d'y revenir avec le sujet de l'AME. De plus, vous déposez cet amendement à la dernière minute, alors que vous en aviez l'intention dès le départ, afin de légitimer et justifier toutes ces stigmatisations.

Effectivement, comme les collègues du groupe Les Républicains l'ont dénoncé, ce « en même temps » est une opération d'affichage : vous affirmez que la réduction de 15 millions d'euros est insignifiante au regard de l'importance du budget concerné. Néanmoins, dans la réalité, le message ainsi envoyé aura pour conséquence de durcir encore davantage les conditions d'accès à l'AME.

Tout se passe dans les discours comme si n'importe qui pouvait se présenter et avoir droit à l'AME. Ce n'est pas vrai ! Je vous renvoie à la mobilisation organisée aujourd'hui par toute une série d'associations et d'organisations d'aide et de soutien aux migrants et aux migrantes, afin d'interpeller le Gouvernement ; elles rappellent quelles sont les conditions pour avoir accès à l'AME. Le message que vous envoyez tend à les rendre plus difficiles encore, ce qui aura des conséquences catastrophiques : telle est l'alerte émise par l'ensemble des associations depuis le début de ce vrai-faux débat.

En vérité, votre communication visant à assouvir le souhait de M. Macron d'être opposé à Marine Le Pen en 2022, en structurant tout le débat politique autour de ce duo de complaisance, participera à la stigmatisation, amoindrira le droit à la santé et ne permettra pas de garantir l'accès aux soins.

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