Intervention de Fabien Lainé

Séance en hémicycle du jeudi 21 novembre 2019 à 9h00
Accession de la macédoine du nord à l'organisation du traité de l'atlantique nord — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Lainé :

Nous avons souhaité inscrire à l'ordre du jour de notre assemblée l'accord d'adhésion de la Macédoine du Nord à l'OTAN. Cela semble d'autant plus légitime qu'un débat s'est engagé sur le devenir de cette organisation après les événements de l'actualité récente, qui ont semé le doute parmi ses membres. Le Président de la République lui-même s'est prononcé dernièrement pour une redéfinition des objectifs et des buts stratégiques de l'OTAN, alors que cette dernière subit de multiples crises.

Une crise de leadership, tout d'abord : celui des États-Unis, bien entendu, pour lesquels la coopération avec leurs partenaires européens semble être devenue secondaire en matière de défense. Il n'est que de voir les décisions unilatérales prises par les Américains en Syrie ces dernières semaines. Elles sont dans la lignée du renoncement du président Barack Obama lorsqu'il s'est agi de répliquer à la Syrie quand elle a franchi la ligne rouge fixée par la communauté internationale.

Une crise de la solidarité, ensuite, entre les membres de l'organisation. Nous l'avons constaté avec le coup de force de la Turquie dans le Nord syrien, alors même que la Turquie est membre de l'OTAN.

Cet événement a mis en lumière la troisième crise que traverse l'organisation : celle de la défense européenne, qui nous concerne au premier chef et doit tous nous mobiliser.

C'est sur ce dernier point qu'il nous faut nous pencher de manière urgente. Plusieurs initiatives ont été prises par le Président de la République, avec le soutien d'une large majorité de parlementaires, pour faire progresser le dossier au niveau européen. Nous ne devrons pas ménager nos efforts, à l'avenir, pour réussir dans cette entreprise de longue haleine.

S'agissant de l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'OTAN, nous voyons plusieurs avantages à poursuivre le processus engagé depuis de nombreuses années, et tout d'abord, cela a été dit, un avantage pour la stabilité de la région. Nous avons un intérêt propre à faire en sorte que les Balkans continuent d'avancer sur la voie de la stabilisation, d'autant que les pays de la région ont fait beaucoup d'efforts en la matière. Je comprends les réticences qui se sont exprimées au sujet de l'intégration de nouveaux pays dans une organisation dont chacun sait qu'elle doit être profondément remaniée ; nous avons nous-mêmes fait part des nôtres. Toutefois, puisqu'une dissolution de l'organisation n'est pas à l'ordre du jour, il nous semble que ce processus doit être maintenu.

Par ailleurs, il est de notre devoir de consolider la situation des pays limitrophes de l'Union européenne, pour des raisons évidentes de sécurité intérieure. Si l'Europe veut se penser comme une puissance – il le faut, selon nous – , alors elle doit être capable de développer des partenariats ambitieux selon les modalités dont elle décide. Dans le cas présent, cette politique de voisinage nous paraît nécessaire.

Enfin, la Macédoine du Nord a entrepris de profondes mutations pour satisfaire aux exigences liées à son adhésion à l'OTAN. La première d'entre elles était la pacification de ses relations avec ses voisins, en particulier la Grèce, pacification entérinée par l'accord de Prespa du 17 juin 2018. Ne négligeons pas l'importance que cet accord revêt pour les Macédoniens eux-mêmes. Ils l'ont exprimé à plusieurs reprises, et encore récemment, par la voix de leur premier ministre.

Au demeurant, l'accord est à même de produire des avantages concrets pour les deux parties. La Macédoine du Nord, certes de taille modeste, n'en participe pas moins à de nombreuses opérations militaires à travers le monde, en lien avec les armées des pays de l'OTAN. Si ses effectifs sont réduits et ses moyens limités, le gouvernement de la Macédoine du Nord a, en outre, clairement indiqué son intention de tripler, en quelques années, son budget dédié à la défense. Le pays semble très conscient des défis sécuritaires de son aire régionale et nous sommes persuadés que son rattachement à l'OTAN lui permettrait de les relever plus efficacement.

Pour l'ensemble de ces raisons, le groupe du Mouvement démocrate et apparentés soutiendra le projet de loi.

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