Intervention de Boris Vallaud

Réunion du mardi 31 octobre 2017 à 9h05
Commission élargie : finances - affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

L'INSEE vient de confirmer que la croissance était de retour. Le chômage baisse depuis près de quatorze mois, les entreprises ont restauré leurs marges et investissent de nouveau, chacun peut s'en réjouir. Cette reprise doit être accompagnée et elle doit surtout bénéficier à tous, en particulier à ceux de nos concitoyens qui sont les plus éloignés de l'emploi, mais ma crainte est que les derniers de cordée soient aussi les derniers à retrouver le chemin de l'emploi.

Si nous soutenons sans réserve vos efforts en faveur de la formation, parce que notre pays souffre d'abord du chômage des non qualifiés, nous condamnons sans réserve le choix brutal et idéologique de réduire de façon drastique le nombre des emplois aidés. Votre budget masque mal en réalité un désengagement de l'État sur ce terrain comme, plus globalement, sur le terrain de la politique de l'emploi.

Nous condamnons ce choix parce qu'il se fonde, selon nous, sur une méconnaissance des dispositifs, sur une fausse appréciation de ce que sont les taux d'insertion dans l'emploi des contrats aidés, qu'il faut toujours rapporter aux difficultés que connaissent les publics concernés.

Vous faites le choix d'opposer contrats aidés et formation, alors que l'un et l'autre sont nécessaires, et que les contrats aidés sont particulièrement adaptés à ceux de nos concitoyens le moins qualifiés et qu'ils sont souvent accompagnés d'une formation. Avez-vous, à ce propos, évalué le » plan 500 000 » ?

Nous condamnons enfin ce choix parce qu'il dit votre façon de considérer les associations et les collectivités qui ont recours aux emplois aidés. Votre décision met en grande difficulté des territoires entiers, des associations sportives et culturelles, des épiceries sociales, des EHPAD contraints aujourd'hui d'espacer les séances de toilette de leurs résidents. Dans mon département des Landes, la suppression des emplois aidés constitue le plus gros plan social depuis bien des années.

Vous dites surtout, par votre façon de faire, à ceux qui occupent ces emplois qu'ils occupent de faux emplois, des emplois inutiles et qu'eux-mêmes le sont un peu. Et parce que vous considérez les emplois aidés comme de faux emplois, vous avez décidé, pour l'année prochaine, de faire de leurs bénéficiaires de vrais chômeurs – ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'INSEE dans ses prévisions d'emploi pour l'année prochaine.

Nous avons reçu les principales associations ayant recours aux emplois aidés : Emmaüs, ATD Quart Monde, la Fédération des acteurs de la solidarité (FNARS), les commissions régionales d'action sociale (CORAS), l'Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss), les régies de quartier, toutes nous ont demandé de vous dire leur incompréhension, leur désarroi et leur colère.

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