Intervention de Annie Thébaud-Mony

Réunion du jeudi 21 novembre 2019 à 10h10
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l'INSERM :

Pour poursuivre sur l'amiante, nous savons qu'à très faible dose, nous avons des mésothéliomes. Évidemment, ce ne sera pas demain. J'ai un ami historien Australien qui a fait des études sur l'histoire de l'amiante en Afrique du Sud. Il y est allé trois semaines. Il a été sur des mines qui étaient abandonnées. Il a développé un mésothéliome quarante ans plus tard. Le mésothéliome de la plèvre est spécifique de l'amiante. J'ai un autre ami qui était biologiste en Grande Bretagne, qui a été à l'origine d'un travail remarquable sur la santé au travail. Avant de lancer ce projet, il avait voulu travailler pendant un an dans le bâtiment. Il n'était pas dans la fabrication du fibrociment. Il était seulement dans de la rénovation. Quarante ans plus tard, il a développé un mésothéliome. Il faut arrêter de dire que les fibres d'amiante sont inertes. Henri Pézerat a consacré 20 ans de son expérience scientifique à travailler sur les mécanismes de cancérogénèse pour montrer qu'il n'y a pas d'effet de seuil.

Par ailleurs, il faut des examens de sang et d'urine. Il faut un scanner de référence pour la population qui a été exposée, en particulier les pompiers, les travailleurs, les populations les plus proches. J'insiste sur la nécessité que ce ne soient pas des examens de dépistage, mais des examens qui prennent sens dans le cadre d'un suivi.

Enfin, concernant l'épidémie de cancers, nous sommes passés de 150 000 nouveaux cas en 1985 à 400 000 actuellement. C'est une estimation, parce que malheureusement, nous n'avons pas un véritable regard sur l'incidence réelle. Je citerai les chiffres de l'Union Européenne, de l'Institut syndical européen, qui a fait faire des études sur la situation actuelle à partir de ce que font les pays où il y a des registres. Nous sommes entre 100 000 et 150 000 décès par an causés par des cancers liés à des expositions professionnelles. Le coût de ces cancers a également fait l'objet d'une estimation : entre 260 et 600 milliards d'euros par an au niveau de l'Union européenne. Nous n'avons pas ces chiffres en France, parce que malheureusement, nous n'avons pas les registres qui nous permettent de le faire.

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