Intervention de Matthieu de Lombard de Montchalin

Réunion du jeudi 12 décembre 2019 à 9h30
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Matthieu de Lombard de Montchalin, président des Vitrines de Rouen depuis la création de l'association :

Fabrice Antoncic est le président des vitrines de Rouen, mais je l'étais au moment de l'accident, il se trouve que notre passation de pouvoir était en cours. Nous avons un peu géré la crise tous les deux.

Je ne vais pas revenir sur ce que Fabrice vient de dire et ce que M. Doré a également dit. Je voudrais juste dire qu'il y a eu beaucoup de réactivité, notamment dans les indemnisations. Il faut maintenant traiter tout ce qui ne rentrait pas dans le cadre, avec de la souplesse, parce que c'est le cas des entreprises les plus importantes, donc avec des enjeux sociaux qui sont particulièrement forts, dans un contexte où nous avions déjà beaucoup souffert les mois précédents, à cause des gilets jaunes et l'année précédente, à cause des travaux en centre-ville de Rouen.

Sur une année difficile, nous avons rajouté un élément extraordinaire qui a vraiment compliqué la tâche.

Aujourd'hui, tout le monde reconnaît la bonne volonté de tous les acteurs dans les indemnisations. Maintenant que nous avons établi un cadre pratique pour 80 % des commerces, il faut éventuellement se remettre autour de la table, éventuellement rediscuter, puisque le gouvernement et le premier ministre lui-même avaient dit à la préfecture qu'ils veilleraient à ce que tout le monde soit indemnisé. Pour que ceci soit possible, il faut maintenant se remettre autour de la table pour les dossiers les plus complexes et probablement revoir si nous pouvons bouger à la marge le cadre qui est trop rigide. Je rappelle que le cadre ne prend en compte que les entreprises qui font moins d'un million d'euros de chiffre d'affaires, ce qui représente beaucoup d'entreprises mais il y en a qui font plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires par an.

Je voudrais effectivement plus vous parler de l'avenir.

Ce qui est très important et je suis persuadé que votre mission va pouvoir porter ce message, c'est que cet engagement à reparler de l'attractivité et à relancer des campagnes d'attractivité pour Rouen, doit être commun à tous les acteurs du territoire. Nous savons que chacun a son service de communication, ses propres règles de communication, son journal, son graphiste... tout le monde a envie de communiquer en faveur de Rouen. Là, nous devons nous adresser, non pas aux Rouennais, qui sont tout à fait au courant de la situation et de l'amélioration de la situation, mais au reste du pays, voire à des consommateurs qui viennent de l'Europe entière, si nous parlons des touristes.

Nous avons besoin de frapper plus fort et pour cela, sachant que nous n'aurons pas de moyens démesurés, il va falloir impérativement communiquer ensemble. Je pense que la première chose à faire est que le fonds choisisse une agence de communication ou même de stratégie en communication, dont le métier est la communication de crise et la communication de crise de territoire, je suis persuadé que cela existe, et que nous définissions ensemble la stratégie de communication pour la Métropole, avec cet objectif de regagner en attractivité, et ensuite, chacune des institutions doit mettre à disposition sur ce thème, ses outils de communication. Pour l'un, cela sera ses outils internet, pour l'autre son journal, pour le troisième, les espaces publicitaires qu'il est capable ou qu'il a envie d'acheter dans tel ou tel média... Mais il faut que nous ayons un seul message, un message qui soit puissant et bien élaboré. Nous n'allons de toute façon pas faire cela au mois de décembre, il faut le faire au début de l'année prochaine, mais en tout cas, je pense que la première mesure concrète serait de dire : « Réunissons les acteurs autour de la table, prenons des professionnels qui vont être capables de construire la communication autour d'une image ». Les atouts de Rouen et de la Normandie n'ont pas disparu avec la catastrophe.

Il faut le faire le plus professionnellement possible, je pense que cela va être très important vis-à-vis des Rouennais et de la population.

M. le rapporteur posait la question de la réaction des clients. Nous avons évidemment toute la palette des réactions, de gens qui sont indifférents à des gens qui sont encore très angoissés et très actifs, et il ne m'appartient pas de juger les positionnements des uns et des autres. Cependant, je pense que nous devons avoir trois messages. Le premier message est de dire que nous avons pris conscience de ce qu'il s'est passé et que nous allons agir pour que si jamais un jour, un accident se reproduit, les choses aillent mieux, dans la façon de prévenir les habitants. C'est valable pour Rouen, mais cela le serait n'importe où. Il y a malheureusement des sites Seveso dans beaucoup de villes de France et même dans beaucoup de villes d'Europe. Des accidents, il y en aura d'autres.

Aujourd'hui, je pense que ce à quoi nous n'étions pas préparés, c'est par exemple de savoir comment avertir la population et comment lui dire quoi faire. Nous sommes des chefs d'entreprise, j'ai une équipe de 35 personnes.

Quand l'accident s'est déclaré, j'ai entendu à la radio, sur France Bleu, que le préfet disait : « Réduisez vos déplacements à ce qui est nécessaire ». Le fait de dire à ses salariés de venir travailler est-il nécessaire ? Comment voulez-vous juger cela ?

D'autre part, nous voyons bien que les mesures ont été établies il y a 20 ou 30 ans. J'ai beaucoup de respect pour la radio locale qui a d'ailleurs joué un rôle très important. Mais quand il y a une « Vigilance orage », nous recevons tous des SMS, nous ne savons pas trop de qui ni comment mais nous recevons des SMS en disant : « Attention, vous êtes en vigilance orange ». Nous pensons qu'il faut aller vers ce genre de choses. Je pense que le premier message vis-à-vis de la population doit être le suivant : « Regardez, nous avons tenu compte de ce qu'il s'est passé et nous mettons en place des mesures concrètes pour qu'en cas de nouvel accident, ici ou ailleurs, nous soyons plus en mesure de vous prévenir et de vous dire quoi faire ».

La deuxième chose, c'est la transparence. Ce n'est pas le monde économique qui réclame la transparence, mais il y a besoin de transparence. Dans notre société moderne, nous ne pouvons pas cacher les choses. Vous ne pouvez pas refaire le coup du nuage de Tchernobyl. Quarante ans après, cela ne marche pas ! Il y a 50 000 personnes qui vont pouvoir expertiser de leur côté. Je pense que la transparence joue beaucoup.

Puis il y a la confiance qui peut aussi se rebâtir autour d'une campagne vraiment importante qui va viser la France entière, voire une partie de l'Europe, pour dire que Rouen a des atouts. Cela passe par des éléments très concrets d'animation du centre-ville, mais aussi par la mise en avant de tout ce que Rouen a su développer.

J'ai envie de porter aujourd'hui un message d'espoir, plutôt positif, qui consiste à dire que nous n'avons pas perdu nos atouts, tout ce que tout le monde nous a reconnu au moment de l'Armada par exemple, tous les travaux qui ont été faits dans le centre-ville, tout ce qui constitue la force de l'histoire du patrimoine et de la dynamique rouennaise n'a pas disparu.

La seule chose est qu'il faut très clairement que nous nous mettions tous ensemble maintenant pour parler.

Je ne suis pas étonné que les difficultés des commerçants et des artisans se fassent sentir maintenant, il y a un décalage lié à la trésorerie. Il y a deux mois, nous avons eu des problèmes de chiffre d'affaires et aujourd'hui nous payons nos fournisseurs. C'est au moment où nous payons les fournisseurs que nous nous rendons compte qu'il manque du chiffre d'affaires au départ. Il ne faut donc surtout pas fermer trop tôt les robinets de l'indemnisation ou les dispositifs et faire preuve de souplesse, sinon, nous aurons l'impression que nous avons loupé quelque chose, alors que, globalement, nous pouvons dire qu'après un démarrage lent, ce mécanisme-là est assez vertueux.

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