Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 21 janvier 2020 à 15h00
Lutte contre le gaspillage et économie circulaire — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je vous félicite pour cette nouvelle expression : voilà une nouvelle variété de cet objet insaisissable, le populisme, tantôt vert, tantôt brun, tantôt haut, tantôt bas, etc.

Au-delà de la plaisanterie, vous avez caractérisé ce phénomène par un comportement : dire que l'on pourrait passer d'un seul coup aux énergies renouvelables et arrêter toute production de plastique. Je ne sais pas si c'est là du populisme, mais c'est une ligne politique, et c'est la nôtre.

Je suis certain que l'esprit raisonnable que vous êtes se dit : « Ma foi, il faut du temps pour que les choses se fassent. » Mais précisément, ce que nous voulons dire ici, à travers cette motion de rejet, c'est que nous n'avons plus le temps. Les questions qui nous sont posées sont en rapport avec la résilience de la civilisation humaine : comment allons-nous faire alors que la catastrophe a commencé et que nous n'avons plus les moyens de la stopper ? Le changement climatique a commencé et ses conséquences se voient dès maintenant. Comment y ferons-nous face ?

Quand on voit le continent australien brûler, on comprend que cela a à voir avec le réchauffement climatique ; on comprend que si les incendies ne peuvent être arrêtés, c'est parce que les réserves d'eau ont été vendues à des fonds de pension et que les effectifs de sapeurs-pompiers ont été réduits car ils coûtent trop cher à l'État.

Mais il n'est pas nécessaire de regarder si loin. Demandons-nous ce que nous ferons face aux trombes d'eau qui s'abattront dorénavant sur le grand Sud-Est. Du fait du réchauffement de la Méditerranée, une plus grande quantité d'eau tombera sur une nature qui n'est pas préparée à la recevoir et qui est si fortement imperméabilisée qu'il ne fait aucun doute que les égouts ayant éclaté une fois le feront de nouveau et que les réseaux d'eau potable et d'énergie seront détruits. Voilà les données, nous les connaissons.

Il faut donc s'atteler résolument à des politiques aussi déterminées, mobilisatrices et radicales que celles que nous mènerions si nous étions en guerre. Lorsque la patrie s'est trouvée au pied du mur, il a fallu qu'en quelques semaines ou en quelques mois, elle modifie absolument tout ce qu'elle faisait pour se concentrer là où était le danger. Le danger que représentent le changement climatique et les perturbations qui en résultent est là et il faut l'affronter en prenant des mesures décisives.

C'est pourquoi je ne vous dirai pas que vos propositions sont insuffisantes.

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