Intervention de Philippe Demeulle

Réunion du mercredi 8 janvier 2020 à 14h05
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Philippe Demeulle, responsable du pôle développement prévention d'Allianz France :

Je suis à la direction prévention d'Allianz France.

De façon générale, nous n'avons pas d'ingénieurs prévention dans toutes les compagnies d'assurances mais uniquement dans les entreprises d'assurance très implantées dans le domaine industriel. Les équipes sont de taille extrêmement variable.

Dans ces compagnies, les équipes de prévention qui se sont développées sont d'abord et avant tout des équipes qui sont dédiées à faire de la visite « dommages aux biens ». Les visites qui sont réalisées le sont dans le cadre des contrats de dommages aux biens, c'est-à-dire que nous nous intéressons à l'incendie ou l'explosion qui sont les risques assurés dans ces contrats dommages aux biens.

Les ingénieurs sont d'abord et avant tout des généralistes. Leur métier est de pouvoir récupérer des informations plus fines quand ils vont sur le terrain, sur l'activité du client et les risques intrinsèques qui y sont associés, d'être capables de réaliser une analyse de risques sur place pour identifier si les risques d'incendie ou d'explosion sont faibles, moyens, élevés et si les mesures qui sont mises en place pour maîtriser les risques correspondants sont adaptées ou pas. Si elles ne sont pas adaptées, ils doivent émettre un certain nombre de recommandations pour essayer d'améliorer la maîtrise des risques correspondants.

C'est le métier de base des ingénieurs prévention des compagnies d'assurances. Dans les compagnies d'assurances, 90 % des ingénieurs en place sont dédiés à cette activité.

Les livrables des missions sont des rapports de visite qui décrivent l'activité des entreprises en question, avec le plan de prévention qui est destiné à nos clients, de façon à mettre le doigt sur les endroits où des améliorations doivent être apportées. C'est aussi une manière pour les compagnies d'assurances de vérifier quel est le sinistre maximum potentiel en dommages aux biens. C'est un élément essentiel en termes de souscription dommages aux biens, de savoir, en cas d'incendie ou d'explosion, quel est le maximum de dépenses que nous pouvons envisager.

Nous nous concentrons donc sur le dommage aux biens.

Quand nous sommes sur des sites importants, ces visites sont institutionnalisées depuis déjà au moins 25 ou 30 ans. Nos clients, nos intermédiaires, agents d'assurances ou courtiers en assurance, savent que les compagnies d'assurances ont un droit de regard sur la qualité des risques qui sont souscrits. Même si parfois c'est un peu compliqué de réussir à aller sur le terrain, on nous ouvre assez facilement les portes. Nous rapportons des informations destinées à la compagnie pour pouvoir donner le niveau de qualité du risque et voir s'il est nécessaire de mettre une pression plus forte sur notre client pour que des mesures de prévention préconisées soient mises en place. Si nous considérons que tout va bien, nous n'en parlons plus.

Si nous considérons que les mesures en place sont insuffisantes, cela peut avoir des conséquences sur une éventuelle résiliation des contrats correspondants, ce qui est d'ailleurs une crainte la plupart du temps, du côté des clients.

Notre objectif principal est de bien comprendre l'activité de nos clients, de leur amener du conseil de façon à ce qu'ils puissent améliorer la qualité de leurs risques et faire en sorte de pérenniser notre relation avec eux en faisant ce qu'il faut pour qu'ils soient correctement protégés par rapport à ces risques incendie ou explosion.

Sur la partie « responsabilité civileenvironnement » évoquée par Nicolas, nous sommes sur de la revue documentaire.

Dans les compagnies d'assurances, la partie visite de risques sur place, sur des sujets autres que le dommage aux biens est extrêmement rare parce que les primes d'assurance que nous avons en dommages aux biens sont en général plus importantes que du côté de la partie responsabilité civile. Il est donc plus facile de justifier d'avoir des ingénieurs prévention en dommages aux biens qui se déplacent chez nos clients que du côté de la responsabilité civile.

Les missions « responsabilité civile » sont vraiment des missions très ponctuelles et très peu nombreuses, quelle que soit la compagnie.

Quand nous avons des collègues qui sont en train d'étudier des dossiers en responsabilité civile, nous pouvons avoir des ingénieurs qui sont spécialisés dans le domaine et qui vont aider à travailler sur cette revue documentaire, à récupérer les documents, à les analyser. Ponctuellement, nous pouvons récupérer également, du côté de la souscription responsabilité civile, les rapports de visite dommages aux biens quand ils ont été réalisés, parce que nous récupérons de la matière sur la nature de l'activité du client, la façon dont il est organisé, les éventuels certificats qu'il a pu obtenir pour maîtriser ces différents risques. Cela permet donc de compléter la base documentaire à destination de nos souscripteurs responsabilité civile.

Voilà comment cela fonctionne.

Des questions se posent souvent sur la façon de traiter des dossiers Seveso ou non. Les critères d'entrée pour une visite de risques en dommages aux biens ne sont pas ceux-là. Nous nous interrogeons sur les capitaux qui vont être assurés sur le site, plus les capitaux à assurer sont importants, plus on va avoir envie d'aller visiter le site pour voir quelle est la qualité du risque. Nous utilisons ensuite une autre clé d'entrée avec l'activité correspondante.

Autrefois, le traité des risques entreprise (TRE) existait au niveau de la Fédération et permettait de faire la tarification en dommages aux biens et en pertes d'exploitation. Il existe une codification par activité, plus ou moins dangereuse dans le domaine de l'incendie ou de l'explosion. Il est évident que nous allons aller en priorité visiter les activités les plus dangereuses.

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