Intervention de Marie-France Lorho

Séance en hémicycle du mardi 4 février 2020 à 21h30
Débat sur le financement des retraites

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-France Lorho :

Depuis des décennies, la France souffre de l'absence de politique familiale, absence à l'origine d'un phénomène naturel dont nous payons tous le prix : la chute de la démographie rend nécessaire la réforme de notre système de retraite. Je vois dans ce constat un immense paradoxe : tout en négligeant la politique familiale, les gouvernements successifs, y compris le vôtre, madame la ministre, ont érigé le tout-répartition en véritable dogme.

Cette réforme est nécessaire. Quelque 25 millions de retraités à la durée de vie accrue ne pourront être endigués par des actifs dont le nombre reste stable. Par ce projet de loi, vous aspirez à stabiliser la dépense liée aux retraites : bien. Je regrette pourtant qu'il ne tienne pas compte de la croissance de la population des plus de 65 ans, dont l'augmentation approchera les 70 % d'ici à 2070, biaisant les projections financières.

Les conséquences de votre projet sont prévisibles : cette réforme dont tout l'effort sera supporté par les générations futures n'est en aucun cas équitable ; elle pèsera sur les épaules de nos enfants. Elle n'est pas équitable, car son équité, sa bonne conduite reposaient sur la suppression des régimes spéciaux, qui en était un point essentiel. Le Conseil d'État l'a bien noté : votre système universel compte déjà cinq régimes en son sein.

Il serait profondément démagogique de prétendre réformer efficacement le système de retraite sans en supprimer des exceptions dont une partie est désuète et surtout ingérable. C'est pourtant sur ce point crucial que le Gouvernement a reculé, offrant des concessions majeures à quelques groupes, particulièrement au sein de la fonction publique.

Ma question sera donc la suivante : comment le Gouvernement compte-t-il financer une retraite présumée équitable sans supprimer réellement certains de ces régimes d'exception dont le maintien, à terme, fera porter tout l'effort financier sur le secteur privé ?

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