Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Séance en hémicycle du jeudi 6 février 2020 à 9h00
Débat sur les allégements de la fiscalité au profit du capital et des entreprises

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances :

Vous avez raison, monsieur le député, nous devons être en mesure de calculer les externalités négatives : les émissions de carbone induites par la production à l'étranger de biens importés dans notre pays devraient, d'une certaine manière, être taxées. Les émissions de carbone de l'industrie en France ont reculé de 40 % depuis vingt ans, mais, au cours la même période, notre empreinte carbone a progressé de 11 %, tout cela parce que nos importations ont augmenté. C'est tout l'enjeu du mécanisme d'inclusion carbone aux frontières en faveur duquel nous nous battons à Bruxelles.

Pourquoi Whirlpool part-il s'installer en Pologne ? Parce que les Français n'ont pas les moyens de payer 500 ou 600 euros pour un lave-linge ou un sèche-linge. Il y a un écart de 1 000 euros entre le coût moyen d'une voiture produite en France et celui de la même voiture construite en Espagne. Tant que les consommateurs ne seront pas prêts à payer 1 000 euros supplémentaires, ce que je peux comprendre, le carnet de commandes ne se remplira pas. Finalement, c'est le consommateur qui prend une décision ; ce n'est pas l'entreprise.

On a tort d'opposer les personnes aux entreprises, car ces dernières sont elles-mêmes des personnes, des emplois. L'entreprise est une fiction normative derrière laquelle il y a des actionnaires – qui sont-ils ? la question mérite d'être posée – , des salariés et des sous-traitants.

S'agissant de l'emploi industriel, nous donnons des chiffres de créations nettes – il ne s'agit pas de créations pures. Depuis deux ans et demi, 23 000 emplois industriels nets ont été créés. Je rappelle qu'un emploi industriel crée quatre à cinq emplois dans les services et que, entre 2000 et 2016, pas un seul emploi industriel net n'avait été créé. Certaines années – ce fut évidemment le cas en 2008-2009 – , on déplorait même de véritables saignées, avec 140 000 ou 180 000 emplois perdus.

Nous avons aussi créé 700 000 emplois qui ne sont pas des emplois Uber. Il s'agit majoritairement de contrats à durée indéterminée. La répartition entre CDD et CDI a profité aux CDI.

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