Intervention de Roxana Maracineanu

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 9h00
Gel des matchs de football le 5 mai — Présentation

Roxana Maracineanu, ministre des sports :

Le 5 mai 1992, notre pays vivait l'une des pages les plus sombres de son histoire sportive, au stade Armand-Cesari de Furiani : 19 morts, 2 357 blessés, tant de familles endeuillées. Ce drame n'est pas un drame pour le sport corse ; il est et restera toujours un drame de notre sport national, de l'ensemble du sport français. C'est de la reconnaissance de cette tragédie comme une tragédie nationale qu'il est question aujourd'hui.

L'État et le législateur ne sont pas restés sans réagir : dès le 13 juillet 1992, une loi est venue compléter celle du 16 juillet 1984, en créant une procédure nouvelle d'homologation des enceintes destinées à recevoir des manifestations sportives ouvertes au public. Il s'agissait de dire : plus jamais ça dans une enceinte sportive.

Parmi les victimes et les blessés figuraient de nombreux Corses et ce drame a laissé sur l'île une marque indélébile. Durant de nombreuses années, le drame de Furiani semble d'ailleurs avoir été trop considéré comme principalement un drame régional : le gel des matchs le 5 mai ne concernait pas ceux qui se déroulaient sur le continent.

Pourtant, le 5 mai 1992, il s'agissait bien d'un match de Coupe de France, organisé sur le sol français. Si ce drame s'était déroulé à Bordeaux, à Lille ou à Rennes, la dimension nationale aurait-elle été plus aisément reconnue ? Sans doute – c'est le sentiment, en tout cas, du collectif des victimes du 5 mai. C'est pourquoi une démarche vers une reconnaissance nationale fut engagée en 2015. Sous l'autorité du ministre Thierry Braillard, un accord fut ainsi trouvé le 22 juillet 2015 entre le ministère des sports, la Fédération française et la Ligue professionnelle.

Cet accord prévoit que, le 5 mai de chaque année, un hommage sera rendu par tous les clubs de football sur tout le territoire national, par une minute de silence ou d'applaudissements, par le port d'un brassard ou encore par la lecture d'un message. Il est aussi prévu que les footballeurs ne fouleront plus les pelouses des stades français le 5 mai, si ce jour tombe un samedi, que les compétitions aient lieu au plan national, professionnel ou amateur.

Enfin, le 5 mai 2016, une plaque commémorative a été apposée au ministère des sports. Une cérémonie est organisée chaque année. J'y ai moi-même participé l'an passé, aux côtés de Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de football.

Force est de constater que ces actions n'ont pas permis aux familles de victimes de se sentir que leur souffrance était reconnue. J'ai donc pris l'initiative de rencontrer le collectif des victimes du 5 mai, en septembre 2019, pour entendre leur point de vue. J'ai mobilisé les instances du football afin de trouver avec elles la meilleure manière de répondre à ces attentes. Les propositions formulées alors n'ont pas rencontré l'écho espéré, car ce collectif demande, de manière constante, qu'aucun match n'ait lieu le 5 mai.

Cette décision ne relève clairement pas du domaine législatif ; elle relève des instances du football. Il ne me semble pourtant pas insurmontable de reporter les matches chaque 5 mai. Si, pour se souvenir, il est possible de déplacer les matchs quand le 5 mai tombe un samedi, pourquoi ne pourrait-on pas déplacer ceux qui tombent un autre jour de la semaine ?

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