Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 15h00
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Présentation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Elles contribuent à la formation intellectuelle et sensible des êtres humains. La langue, et la puissance de symbole qu'elle véhicule, permet de saisir la complexité des mondes.

Comme ministre de l'éducation nationale, je souhaite que le développement des langues régionales se fasse dans un cadre légal car la République c'est le droit, le droit commun, qui est l'espace de notre liberté, de notre égalité et de notre fraternité.

On dit souvent que l'unité ce n'est pas l'uniformité – rien n'est plus vrai. On peut dire aussi que la particularité ce n'est pas le particularisme. Notre ligne doit donc être claire : les langues régionales se développent au sein de l'enseignement public et privé. Ce développement se fait au quotidien grâce à nos professeurs et à une action pédagogique volontariste. La législation en vigueur nous donne tous les leviers pour agir convenablement. Soutenir le contraire, c'est entretenir des clivages qui n'existent plus ; cela revient à placer ces langues hors de leur simple dimension culturelle pour en faire l'objet de faux débats, de polémiques qui hérissent et, in fine, empêchent leur développement. Il faut donc de la sérénité pour soutenir de bonne foi les langues régionales ; cette tranquillité est d'ailleurs le sentiment éprouvé par nos concitoyens qui sont fiers d'appartenir à des territoires à la culture ancienne et profonde, fiers d'être Français et fiers aussi d'être des acteurs en Europe et dans le monde.

Depuis mon arrivée au ministère, nous avons renforcé l'offre d'enseignement des langues régionales car nous sommes confrontés depuis de nombreuses années à la baisse massive, entre le collège et le lycée, des effectifs des élèves qui les étudient. C'est vrai aussi des langues anciennes et d'autres disciplines.

Nous pouvons cependant y travailler dans le cadre légal existant. Vous avez fait référence à la réforme du baccalauréat. Or l'un de ses apports, je le rappelle, est qu'il est désormais possible de bénéficier d'un enseignement de spécialité de langue régionale – quatre heures en classe de première, six heures en terminale – , dispositif qui n'existait pas auparavant. C'est donc un faux procès à la réforme du baccalauréat que d'affirmer qu'elle pourrait nuire aux langues régionales. Leur pratique dépend surtout de la demande et il est donc très important que nous sachions la stimuler – là encore, très sereinement.

Nous devons également faire attention à ne pas épuiser le vivier dans lequel recruter les futurs professeurs de langues régionales. C'est pourquoi nous avons institué un enseignement de spécialité afin de contribuer à former les professeurs de demain. Cet enseignement a commencé à trouver son public puisqu'on compte environ cent élèves pour l'apprentissage du corse, une centaine également pour le breton, trente pour le basque et autant pour l'occitan. Ce n'est qu'un début.

S'y ajoute une offre très importante de langue régionale en langue vivante, et qui concerne plusieurs centaines d'élèves. Désormais ces langues font l'objet d'épreuves de contrôle continu et donc d'un sérieux renforcé. Certains se sont inquiétés de la baisse des effectifs en LVC, c'est-à-dire en langue vivante 3. Cette baisse est compensée la plupart du temps par l'ouverture de l'enseignement de spécialité.

Je suis d'accord avec vous pour considérer que l'attractivité des langues régionales est fragile. Est-ce à cause d'un manque d'offre d'enseignement ? Je ne le crois pas car là où il y a une demande, nous ouvrons des postes. Est-ce à cause d'une faiblesse de la demande ? Dans certains endroits, c'est le cas. C'est pourquoi nous devons renforcer notre action en faveur de la promotion des langues régionales. Comme vous le savez, les ministères de l'intérieur, de la culture et de l'éducation nationale financent une grande partie des différents offices publics de langue régionale – des progrès ont encore récemment été accomplis en faveur de l'Alsace. Ensemble, nous pouvons donc contribuer au développement des langues régionales. Il n'y a pas lieu de faire comme si le cadre législatif en vigueur ou les politiques nationales devaient contrarier cette évolution. En revanche, il importe d'y procéder de façon constructive, de rechercher l'unité nationale par le biais d'une politique des langues. Il s'agit tout simplement de mener une politique à même de faire progresser les élèves et, à travers eux, le pays.

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