Intervention de Régis Juanico

Séance en hémicycle du samedi 22 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRégis Juanico :

J'espère que mes propos ne relèveront pas trop du café du commerce ou de la buvette de l'Assemblée nationale ; ils portent sur les amendements identiques déposés par le groupe GDR, qui soulèvent la question de la précarité et de la pauvreté.

Comme l'a souligné Pierre Dharréville, nous avons un système de retraite solidaire et par répartition, créé en 1945, qui est le fruit d'un travail collectif effectué au sein du Conseil national de la Résistance. Comme je le dis souvent, il ne faudrait toucher à cette constitution sociale que de la même façon que l'on touche à une Constitution, c'est-à-dire d'une main tremblante. Aujourd'hui, ce système permet aux retraités de bénéficier d'un taux de remplacement – le pourcentage du revenu antérieur touché à l'âge de la retraite – très élevé, de 75 %. Ainsi, le niveau de vie relatif des retraités par rapport aux actifs est de 106 %, et le taux de pauvreté des retraités est exceptionnellement bas, autour de 7 % – c'est l'un des plus faibles d'Europe. Voilà ce qu'il faut absolument garantir dans un nouveau système de retraite, bien que nous pensions, pour notre part, qu'il vaut mieux améliorer le système actuel.

Selon la Cour des comptes, nous avons un taux d'emploi des seniors âgés de 60 à 64 ans parmi les plus faibles d'Europe, autour de 33 %. Cependant, depuis dix ans, le chômage des seniors de plus de 50 ans a considérablement augmenté – il a même doublé. Aujourd'hui, 900 000 actifs de plus de 50 ans sont inscrits à Pôle Emploi. Au sein de cette catégorie, le chômage de longue durée est beaucoup plus élevé que dans le reste de la population. Il en est de même pour le travail à temps partiel. La pauvreté et la précarité sont donc en germe, et votre nouveau système de retraite ne fera qu'accélérer cette tendance puisque l'âge d'équilibre est, par nature, un mécanisme injuste qui imposera à nos concitoyens de travailler beaucoup plus longtemps et dans un état de santé qui va se dégrader. D'ailleurs, la Cour des comptes elle-même souligne que votre système va entraîner de plus en plus de précarité et de pauvreté : le coût de la solidarité, en minima sociaux et en allocations diverses et variées, ira croissant, ce qui pèsera sur les finances publiques.

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