Intervention de Luc Multigner

Réunion du lundi 1er juillet 2019 à 15h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Luc Multigner :

Nous avons poursuivi nos travaux, en nous posant une nouvelle question : maintenant que nous avons des informations sur la survenue de la maladie qu'en est-il de la récidive ? Le cancer de la prostate est un cancer pour lequel on a des possibilités thérapeutiques diverses et variées, dont la chirurgie. L'enjeu est de pouvoir distinguer les formes agressives (celles qui vont malheureusement mettre en danger la vie du patient), de formes qu'on appelle indolentes. La première ligne de traitement classique, c'est tout simplement d'enlever la prostate : c'est ce qu'on appelle une prostatectomie. Malheureusement, on sait que 20 à 25 % des patients récidivent, c'est-à-dire qu'il y a dans l'organisme des cellules qui circulent et qui réapparaissent, et l'on est contraint à une deuxième ligne de traitement. Dans notre publication récente, nous montrons que le chlordécone, et pas un autre polluant, est associé à un surrisque de cette récidive. Comme c'est un enjeu très important, vu le nombre de cas annuels, et comme tous ces patients vont être traités, nous sommes en train de commencer une nouvelle étude – d'abord en Guadeloupe, mais nous visons ultérieurement la Martinique – qui sera destinée à étudier l'influence du chlordécone et d'autres facteurs, sur l'évolution de la maladie après les différents traitements. Ce nouveau projet s'appelle Cohorte KP Caraïbes, car nous allons essayer de l'élargir dans notre bassin géographique… C'est un vrai enjeu non seulement vis-à-vis du chlordécone mais aussi pour mieux connaître l'évolution de la maladie. Nous répondons à l'avis de la Haute Autorité de santé, lorsque, saisie par la direction générale de la santé, elle a voulu savoir si le dépistage systématique du cancer de la prostate dans des populations à risque – comme les populations antillaises, en prenant de surcroît en compte la problématique chlordécone – était justifié ou pas. La HAS a répondu que, pour l'instant, on n'avait pas suffisamment d'éléments qui justifiaient un dépistage systématique, mais qu'il fallait faire des recherches pour mieux comprendre la maladie dans ces populations. C'est en ce sens que nous orientons actuellement nos travaux.

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