Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du samedi 21 mars 2020 à 21h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Article 7 (appelé par priorité)

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Concernant le bâtiment, j'ai proposé à la Fédération nationale du bâtiment, à la Fédération nationale des travaux publics et à la CAPEB – Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment – , de travailler ensemble ; nous avons eu une réunion téléphonique hier, et nous travaillons depuis vingt-quatre heures d'arrache-pied avec eux. La ministre de la transition écologique et solidaire et le ministre du logement ont aussi été associés. Nous avons publié il y a deux heures un texte commun, où nous nous accordons pour dire qu'en matière de valeur stratégique, ce n'est ni blanc ni noir. On ne peut pas décréter l'arrêt de tous les chantiers de France, parce que les entreprises nucléaires n'auraient plus de maintenance, mais aussi, pour d'autres raisons, auxquelles on ne pense pas. Vous me direz que l'élagage n'est pas stratégique en période de crise – oui, mais nous sommes au printemps, alors que les arbres poussent vite, si bien que, si nous ne les élaguons pas maintenant, dans quinze jours, des lignes sauteront et l'électricité sera coupée dans des régions entières.

Il est très difficile de déterminer a priori ce qui est stratégique. C'est pourquoi nous venons de nous mettre d'accord avec l'ensemble du secteur du bâtiment et des travaux publics, avec l'appui de l'organisme paritaire de prévention : d'ici à deux ou trois jours seront précisées les conditions auxquelles la santé et la sécurité des travailleurs sont assurées. Évidemment, seules les entreprises qui les assurent pourront rester ouvertes, dans le respect des normes qui seront instaurées.

En tout cas, je ne peux pas répondre à votre demande d'une liste de secteurs essentiels. Il faut un travail plus fin, qui sera mené avec les partenaires sociaux et les fédérations professionnelles, et qui correspondra à l'esprit de votre proposition, tout en étant plus pragmatique. Si l'on décide d'inclure ou d'exclure tout un secteur, on risque de provoquer des catastrophes en chaîne, dont on ne mesure pas complètement les effets. Tous les Français sont en train de prendre conscience de l'interdépendance des activités économiques.

Encore une fois, cela ne veut pas dire que le travail des Français ne changera pas – le rythme et la productivité ne seront pas les mêmes ; les équipes seront plus nombreuses ; les horaires de travail seront modifiés ; beaucoup seront au chômage partiel.

Nous pouvons assurer en même temps la vie quotidienne des Français, la continuité de l'activité économique, et la protection des salariés. C'est ce que nous voulons faire.

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