Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Edouard Philippe, Premier ministre :

Je voudrais remercier l'ensemble des orateurs pour leurs propositions, quand ils en ont formulé, pour leurs questions, quand ils en ont posé, et même pour les injonctions qu'ils ont pu nous adresser. Ce débat est utile et je les remercie très sincèrement, avec une pensée plus particulière pour ceux qui s'inscrivent dans la logique que j'ai exposée.

Dans mon intervention, j'ai essayé de présenter les principes du déconfinement. J'ai bien conscience qu'en décrivant des principes ou une stratégie globale, on se heurte à la question de la précision des mesures à mettre en oeuvre. Mais, si j'ai passé du temps sur les principes et sur les instruments que nous utiliserons, c'est parce que notre plan repose sur l'adhésion des Français. Or l'on ne peut pas adhérer à des mesures pointues sans comprendre ce que le Gouvernement veut faire. Les principes sur lesquels s'appuie la stratégie que j'ai présentée doivent être exposés clairement et compris pour que cette stratégie ait une chance d'être appliquée de manière efficace. Il fallait donc décrire les principes – la conciliation de l'impératif de santé et de la nécessité de continuité de la vie de la nation – , les instruments – les masques, les tests et l'isolement – et la stratégie globale.

Beaucoup d'entre vous ont dit : il reste des questions. Vous avez parfaitement raison, il en reste un nombre considérable ; j'en suis parfaitement conscient. Mais, si j'ose dire, c'est intrinsèquement qu'il reste des questions, car le plan national de déconfinement est une stratégie nationale, composée d'une architecture générale, que je viens de présenter, et d'une addition de plans locaux de déconfinement qui offrent, au sein d'un cadre global, la possibilité de mettre en oeuvre ces principes, de les corriger si nécessaire, de les adapter, quand c'est indispensable, commune par commune, département par département, pour qu'ils trouvent une application sur le terrain.

J'ai parfaitement conscience d'entrer ainsi dans une discussion classique de notre histoire politique, entre, d'une part, ceux qui pensent qu'il est préférable d'énoncer quelques principes pour permettre aux territoires, comme on dit parfois, aux élus, aux organisations syndicales et patronales et aux entreprises de préciser localement, en fonction de leurs capacités et de leurs spécificités, les meilleurs instruments, et, d'autre part, ceux qui pensent qu'un plan national doit prévoir des dispositions qui s'appliquent partout de la même façon, dispositions sans lesquelles on courrait le risque de l'inefficacité, du désordre voire d'une rupture d'égalité. Ce débat est récurrent dans l'histoire politique française et je suis certain qu'il traversera nos futures discussions.

Nous sommes sur une ligne de crête. Je vous le dis franchement, mesdames et messieurs les députés : je préférerais que ce ne soit pas le cas. Cela fait longtemps que j'aimerais avoir de bonnes décisions à prendre. En ce moment, je choisis, parmi de mauvaises décisions, celles qui sont moins mauvaises que les autres. Nous sommes sur une ligne de crête. Chacun comprend ce que je veux dire par là : nous devons éviter d'aller trop loin d'un côté, sinon c'est la catastrophe, mais nous devons éviter d'aller trop loin de l'autre, sinon c'est aussi la catastrophe. Pour avancer sur une ligne de crête, il faut de la prudence, mais il faut avancer.

Je remercie les orateurs qui ont formulé des propositions. Certaines me paraissent pouvoir être prises en compte. Pour d'autres, j'avoue avoir plus de doutes. Lorsque le président Mélenchon m'invite à la planification, toute la planification et encore la planification, je ne dis pas que cela soit sans intérêt, mais je ne suis pas sûr que ce soit le modèle que la majorité du pays souhaite construire. J'entends cependant sa proposition.

Le président Abad m'invite à faire confiance aux territoires et prône la différenciation. J'ai le sentiment d'avoir dit exactement cela. Faire confiance aux territoires et prôner la différenciation, c'est ne pas tout dicter aux territoires ; c'est fixer le cadre et laisser au génie des décideurs locaux la capacité de trouver les bonnes solutions. Certes, ce ne seront probablement pas partout les mêmes, mais ce n'est pas grave : l'important, c'est que cela fonctionne bien, et que cela reste cohérent avec la stratégie nationale.

M. Daniel Fasquelle a formulé des propositions dans le domaine économique. Nous avons déjà présenté des mesures de soutien qu'il a eu l'amabilité de citer, et d'autres qu'il n'a pas évoquées, comme le plan de soutien en faveur des restaurants, cafés et hôtels dont la situation est spécifique car, n'ayant pas le droit d'exercer leur activité, ils sont fermés. Il faudra les accompagner durablement car, si le présent est pour eux extrêmement rude, l'avenir sera lui aussi compliqué.

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