Intervention de Christophe Libeau

Réunion du jeudi 6 février 2020 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Christophe Libeau, lieutenant-colonel de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), conseiller technique opérationnel NRBC :

Nous sommes complètement en phase. L'une des missions des sapeurs-pompiers est de faire « le blanc radiologique », un terme qui vient du monde nucléaire. Il s'agit d'essayer de faire des prélèvements avant que le panache ne vienne couvrir une zone pour disposer d'un niveau de référence, avant passage du nuage, et avoir un élément de comparaison pour la suite.

C'est une vraie difficulté pour un périmètre tel que ceux concernés par Lubrizol ou Notre-Dame, qui représente de nombreux kilomètres carrés. Dans les premières heures, nous n'avons pas assez de moyens spécialisés pour faire cette cartographie, qui d'ailleurs nous est imposée par l'instruction de 2014, après l'incident Lubrizol de 2013. C'est un vrai point d'achoppement que cet équilibre à trouver pour les moyens mis sur une mission qui au début peut paraître secondaire, mais qui va vite devenir prioritaire, au vu des enjeux sanitaires.

J'ajoute une deuxième dimension, celle de la connaissance de ces fameuses valeurs de référence. Aujourd'hui, les sapeurs-pompiers s'appuient sur des bases de données fournies par les instituts représentés ici. Elles sont souvent calées sur les valeurs d'exposition fixées par le code du travail. C'est très bien, mais il existe aussi des valeurs données par le code de la santé publique pour l'exposition du grand public. Ce sont ces valeurs qui vont servir aux sapeurs-pompiers pour évaluer une situation dangereuse. Si nos appareils nous disent que le seuil est dépassé, nous déclarons la situation « d'urgence » ou dangereuse. Si nos appareils nous disent qu'on est inférieur au seuil, a priori il n'y a pas lieu de déclarer une urgence. Le catalogue REACH (Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals) qu'essaie de mettre en place l'Union européenne ne comprend que 10 % à 15 % de molécules identifiées en termes d'exposition. Il y a de très nombreuses inconnues en termes de valeurs de référence.

Fonctionnons par analogie. Il revient aux sapeurs-pompiers d'agir sur les effets aigus, immédiats, en évacuant ou en confinant une population. Par contre, il existe un grand flou concernant les effets chroniques et nous sommes complètement dans l'inconnu, parce que nous n'avons pas les moyens de le voir. C'est un sujet de fond qui va sans doute nous occuper dans les prochaines décennies.

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