Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du mardi 7 novembre 2017 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires sociales

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Monsieur Perrut, peut-être ne le savez-vous pas : j'ai écrit le plan cancer. Il est donc difficile pour moi de porter un jugement sur un travail auquel j'ai consacré cinq ans de ma vie et sur un plan que j'ai piloté.

J'ai voulu qu'il comporte absolument tous les objectifs possibles et imaginables pour améliorer la prise en charge des patients atteints de cancer dans notre pays. Je souhaite que 100 % de ces objectifs soient atteints. Je suis, avec une très grande attention, le pilotage de ce plan par l'INCa afin de m'assurer que nous y parviendrons, et je ne voudrais pas réfléchir à un autre plan tant que cela ne sera pas le cas. Le plan en cours est en effet extrêmement ambitieux en termes de dépistage et de prévention.

Il ne manquait qu'un seul élément essentiel à la panoplie nécessaire à la lutte contre le cancer : l'action contre tabac. J'avais du mal à obtenir des arbitrages favorables. Dès que j'ai pris mes nouvelles fonctions, j'ai pu « m'arbitrer » moi-même – c'est plus simple : j'ai augmenté de trois euros le prix du tabac.

Le dépistage n'est plus standardisé : nous avons prévu sa personnalisation en fonction des niveaux de risque. Nous avons travaillé sur les déterminants sociaux et géographiques du cancer. Beaucoup reste à faire mais, en la matière, tout ne dépend pas d'une agence sanitaire : il faut mettre en oeuvre des politiques de la ville, des politiques de l'emploi, des politiques de l'école. En nous intéressant aux déterminants de santé, nous atteignons la limite d'un plan cancer.

S'agissant de l'organisation des soins, nous avions bien anticipé les questions de l'ambulatoire, de la prise en charge des patients qui prennent des médicaments per os, et de l'organisation territoriale, avec des plateformes territoriales d'appui.

Nous avons beaucoup travaillé sur la qualité de vie. J'ai négocié afin d'obtenir le droit à l'oubli pour les patients. Je pense que l'on peut aller encore plus loin dans ce domaine : j'attends de l'INCa qu'il me propose des évolutions.

La recherche française sur le cancer est l'une des plus visibles dans le monde, et des plus performantes, en particulier grâce à des crédits dédiés et au pilotage stratégique par l'INCa.

Je peux vous garantir que je porte une attention particulière à ce sujet. Malheureusement le nombre de personnes atteintes d'un cancer a encore augmenté dans notre pays jusqu'à 385 000 nouveaux malades en 2016. Tant que ces chiffres ne baisseront pas, nous n'aurons pas gagné cette bataille.

Monsieur Delatte, j'ai déjà répondu à propos de la prévention en termes de tarification, de parcours, de forfait. J'ai parlé d'une politique générale gouvernementale dans tous les milieux, au travail et à école, par exemple.

Il faut encore mieux articuler des travaux des agences, en particulier ceux des ARS et de l'ANSP, et ceux de l'ANSP et de l'INCa. Il est possible d'améliorer l'efficience de notre système en renforçant les conventions existantes afin de supprimer les éventuels doublons. Le fait, par exemple, qu'une agence régionale produise elle-même des documents d'éducation à la santé, alors que l'ANSP fournit des documents à l'échelon national, constitue à mon sens à la fois une perte de temps et d'argent. Il faut éviter que l'expertise se répète à chaque niveau du territoire. Vous pouvez compter sur moi pour veiller à mettre de l'ordre dans tout cela et à bien coordonner les actions des uns et des autres.

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