Intervention de Sophie Auconie

Séance en hémicycle du jeudi 4 juin 2020 à 9h00
Nécessité d'une bifurcation écologique et solidaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Auconie :

Cette proposition de résolution déposée par le groupe La France insoumise est l'occasion de rappeler l'attachement de l'UDI à une transition écologique et solidaire de notre pays et du continent européen. Le changement climatique, les phénomènes météorologiques et les pollutions ne connaissent pas de frontières. Évidemment, nous sommes, sur tous les bancs de cette assemblée, sous le coup de l'émotion provoquée par les grands événements environnementaux et climatiques.

Mais une prise de recul et une vision à long terme sont nécessaires pour espérer gouverner sereinement. J'ai lu très attentivement cette proposition de résolution, qui opère une division simpliste entre un monde toujours plus libéral, autoritaire et liberticide et celui des jours heureux. Notre groupe UDI et indépendants ne peut que s'opposer à cette vision manichéenne de notre avenir.

Il est nécessaire de réaffirmer que ce sont le capitalisme et le libéralisme qui ont permis l'expansion de la démocratie et des libertés individuelles. Ce sont les régimes suradministrés et anticapitalistes qui, hier et aujourd'hui encore, menacent les libertés, que ce soit à Hong Kong ou à Taïwan. Or les libertés ont permis le progrès technique et social, comme le libre marché et l'interdépendance économique ont apporté la paix à l'Europe, ne l'oublions jamais.

Certes, le libéralisme doit être mieux encadré et régulé sur certains aspects, sur lesquels je reviendrai. Néanmoins, selon les travaux du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – GIEC – et du Haut conseil pour le climat, les engagements de l'Accord de Paris sur le climat de 2015 sont largement insuffisants pour stabiliser le réchauffement climatique en cours. Or cet accord n'est pas respecté : même si les émissions mondiales baissaient drastiquement dès maintenant, l'inertie du climat engendrerait des évolutions très difficiles pour les populations, notamment pour leur accès à l'eau. Il y a deux priorités : limiter au maximum les émissions de gaz à effet de serre et adapter sans tarder les sociétés aux conséquences du changement climatique pour accroître leur résilience.

Cette proposition de résolution aurait pu servir à débattre de solutions, mais sa philosophie et ses nombreuses propositions dogmatiques ne créent pas les conditions nécessaires à un débat serein sur un enjeu aussi important. À l'inverse, le groupe UDI et indépendants avait proposé de nombreuses mesures détaillées contre le gaspillage et la pollution plastique, lors de la discussion du texte devenu la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, s'inscrivant dans la lignée du Grenelle de l'environnement, dont Jean-Louis Borloo, que je salue, était le maître d'oeuvre.

Je souhaite souligner le travail de nos collègues néo-calédoniens, qui ont enclenché une sortie complète du plastique à usage unique pour la fin d'année. De la même manière, nous avions demandé plus d'ambition pour la rénovation énergétique des bâtiments et des logements lors du débat sur la loi du 8 novembre 2019 relative à l'énergie et au climat. Il ne suffit pas de se livrer à des incantations ou de dépenser des milliards d'euros, il faut évaluer, contrôler, et surtout corriger. Ainsi, une enquête de l'ADEME, l'Agence de la transition écologique, de 2018 indique que 78 % des travaux de rénovation dans les maisons individuelles n'ont pas permis à ces logements de changer de classe énergétique. Nous ne sommes pas encore à la hauteur des enjeux sur ce sujet.

Si nous souhaitons changer de modèle, nous devons mesurer différemment notre modèle de développement. Aujourd'hui, la croissance d'un pays ne se juge qu'en fonction de celle de son PIB. Si nous souhaitons élaborer une nouvelle croissance, il est nécessaire d'évaluer différemment notre développement, en ajoutant des critères supplémentaires comme la préservation de l'environnement, l'accès à la santé et à l'éducation et l'égalité entre les femmes et les hommes, par exemple.

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