Intervention de Agnès Thill

Séance en hémicycle du lundi 8 juin 2020 à 21h30
Débat sur la gestion des masques entre 2017 et 2020

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Thill :

En mai 2019, le Haut Conseil de la santé publique avait conclu, dans un rapport relatif aux stocks de masques, que la France aurait besoin de 1 milliard de masques en cas de pandémie. Pourquoi personne ne s'est-il préoccupé de cette conclusion visionnaire ? Pourquoi personne n'a-t-il agi en conséquence dans les mois qui ont suivi ?

Par trois fois, les 21, 22 et 24 janvier 2020, le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé, avait conseillé le port du masque afin de réduire le risque contagieux. Entre le 24 et le 29 février suivant, monsieur le ministre, vous avez affirmé à de nombreuses reprises que le port du masque n'était pas utile pour ceux qui n'étaient pas malades. Saviez-vous à l'époque que le port du masque pouvait ralentir la contagion ? Si tel n'était pas le cas, où le dysfonctionnement se situe-t-il, selon vous, dans la chaîne qui a abouti à la prise d'une telle décision ?

Nous avons appris que la France produisait 3,5 millions des 40 millions de masques chirurgicaux et FFP2 dont elle avait besoin par semaine et qu'elle importait le reste. Jusqu'à la fin du mois de mars, des stocks de masques ont été détruits. J'ai bien compris qu'il s'agissait de masques périmés, monsieur le ministre, mais pourquoi les stocks n'ont-ils pas été renouvelés ?

Dans son épais rapport, la mission d'information de notre assemblée sur l'impact, la gestion et les conséquences de la crise évoque, pages 24, « l'insuffisance des stocks stratégiques d'équipements de protection, et notamment de masques » et, page 25, « la problématique plus large de notre dépendance à l'égard de l'extérieur pour les approvisionnements en produits indispensables ». Quelles mesures avez-vous prises, monsieur le ministre, pour assurer à l'avenir l'autonomie stratégique de la France en cas de crise sanitaire et virale ?

Le 18 mars 2020, le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique covid-19, a reconnu que le pouvoir avait adopté une stratégie par défaut, en raison de la pénurie de moyens en masques et en tests. Monsieur le ministre, je comprends qu'il fallait réserver les masques en priorité au personnel soignant et que la pénurie empêchait d'en fournir à toute la population, mais pourquoi ne pas l'avoir tout simplement dit aux Français ? Pourquoi avoir fait croire dans un premier temps que le port du masque était inutile pour ceux qui n'étaient pas malades, d'autant que l'on était incapable de savoir qui était malade ou pas, au lieu d'expliquer en toute transparence qu'il n'y en avait pas assez pour tout le monde ?

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