Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du mercredi 10 juin 2020 à 15h00
Règlement du budget et approbation des comptes de l'année 2019 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Certes cet intitulé était-il taillé sur mesure… Bref, un trait d'humour dans cette période lugubre, c'est déjà ça.

De quel rétablissement parlons-nous ? Personne ne pouvait prédire la crise que nous subissons et rien ne laissait présager un tel effondrement. Cela étant, la France est entrée dans l'orage sanitaire et désormais économique et social en situation de faiblesse relative. Or nous n'avions eu de cesse de vous rappeler qu'il faut profiter de chaque point de croissance pour réformer et pour avancer. Si les efforts avaient été consentis à temps, durant une période de croissance ininterrompue de plusieurs années, nous n'aurions pas été plus affectés que nos voisins européens, comme c'est le cas. Les chiffres sont éloquents : 11 % de récession, 11 % de déficit et 11 % de chômage. Ce triptyque est d'autant plus effrayant que les autres pays s'en sortent mieux que la France, notamment pour ce qui concerne l'endettement et le chômage.

Alors que l'épidémie de covid-19 a frappé tous les pays européens de façon symétrique, pourquoi a-t-elle davantage déstabilisé l'économie française ? Au fond, pourquoi sommes-nous plus vulnérables que les autres ?

Contrairement à beaucoup d'autres pays, la France n'a jamais entrepris le vaste plan de réformes qui aurait permis d'alléger sensiblement le poids de la dépense publique, en la rendant plus efficace, et de diminuer le recours à l'endettement. Nous nous sommes ainsi retrouvés face à la crise sans matelas protecteur, dans une situation de déficit de masse, d'endettement de masse et de chômage de masse.

Au cours des dernières années, la majorité oubliait volontiers la crise de 2008. Vous constatez désormais ce qu'est une crise – même si celle de 2008 fut-elle moins profonde que la crise actuelle. Convenez donc qu'il faut toujours relire avec prudence l'histoire économique, et l'histoire tout court.

Vous avez pleinement pris conscience des répercussions de la crise et nous avons voté en faveur de la plupart des mesures que vous avez prises pour la combattre. Chacun convient que les contraintes sanitaires priment sur les contraintes économiques, mais elles ne sauraient tuer l'économie, sans quoi on se trouve face encore à d'autres problèmes.

Aujourd'hui, on rêverait d'un budget comme celui de 2019, et le présent projet de loi de règlement devient malgré lui une référence – ce qui ne manque pas de sel. La seule question qui vaille est celle-ci : quand et comment la France rattrapera-t-elle le temps perdu et comblera-t-elle le gouffre ouvert sous ses pieds ? Au-delà de l'accumulation hebdomadaire de plans de relance sectoriels, il nous faut y voir clair. Accélérer la reprise naturelle de l'économie ainsi que sa transformation écologique et numérique, voilà la clé d'une relance réussie. Nul doute, je l'espère en tout cas, monsieur le ministre, que le Gouvernement se montrera à la hauteur de cet enjeu, car il s'agit de l'avenir du pays.

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