Intervention de Caroline Fiat

Séance en hémicycle du jeudi 18 juin 2020 à 15h00
Loi de programmation pour l'hôpital public et les ehpad — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Fiat :

Il y a environ deux ans, dans un rapport parlementaire, j'ai alerté le ministère de la santé sur les conditions de travail extrêmement pénibles des soignants dans les EHPAD : ils sont victimes de troubles musculo-squelettiques et le nombre d'accidents du travail dans la profession est plus élevé que dans le BTP. Les soins dentaires et la prévention des escarres, entre autres, ne peuvent être effectués faute de temps : cela plonge les résidents dans la tristesse et la solitude, et les soignants dans la dépression. Souffrance, maltraitance : combien de temps encore ces mots seront-ils associés à nos EHPAD et à nos hôpitaux ?

Depuis trois ans, le groupe La France insoumise réclame, par l'intermédiaire d'amendements, un moratoire sur la fermeture des lits et l'arrêt des regroupements hospitaliers. Depuis trois ans, nous demandons la revalorisation des métiers du soin, le recrutement de personnels hospitaliers, un meilleur ratio de soignants par résident. Depuis trois ans, nous appelons à un meilleur financement de l'hôpital, afin de faire face au vieillissement de la population et à l'augmentation des maladies chroniques. Mais, en face, ce sont toujours les mêmes promesses creuses, beaucoup d'effets d'annonce et l'austérité qui se poursuit.

En vingt ans, 40 % des maternités ont fermé ; en quinze ans, 68 000 lits hospitaliers ont été supprimés. Au cours des derniers mois, la situation délétère de nos structures hospitalières a clairement été mise en évidence : au début de la crise, nous disposions de cinq fois moins de lits de réanimation par habitant que les Allemands ! Le dévouement du personnel a des limites.

La proposition de loi du groupe GDR prévoit l'élaboration tous les cinq ans d'une loi de programmation pour l'hôpital public et les EHPAD. Contrairement au Gouvernement, qui invoque la nécessité de procéder à des réorganisations pour éluder le problème du financement, le groupe communiste a identifié les véritables enjeux. De combien d'établissements de santé et de services médico-sociaux avons-nous besoin ? Quelles dépenses de fonctionnement et d'investissement ces besoins entraînent-ils ? Combien de lits et de personnels supplémentaires sont nécessaires ? Comment revaloriser les carrières ? Comment former et titulariser en nombre suffisant les soignants ? Autant d'engagements à prendre !

Si vous vous posiez ces questions, vous seriez moins déconnectés de la réalité. Lundi, vous avez annoncé que 1 milliard d'euros destinés aux EHPAD seraient inscrits dans le projet de loi de financement pour la sécurité sociale pour 2021. Êtes-vous inconscients ? Assurer le ratio minimal de soignants par résident nécessiterait 8 milliards d'euros – et encore, sans revalorisation des salaires !

Tous ici, nous espérons éviter une deuxième vague épidémique, mais rien n'est moins sûr. Et vous nous annoncez avec tambour et trompette 1 milliard d'euros pour 2021 ? Non seulement c'est insuffisant, mais c'est de l'imprévoyance. Si, demain, une deuxième vague arrive, qu'allez-vous dire ? Qu'on ne pouvait pas le prévoir ? On peut entendre qu'on ne pouvait pas se douter de la survenue de la crise sanitaire, mais si une seconde vague arrive, on sera cette fois en droit de vous reprocher de n'avoir rien prévu et de n'avoir rien fait pour les EHPAD !

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