Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du jeudi 18 juin 2020 à 15h00
Revenu étudiant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Tous les indicateurs en attestent, les conditions d'existence des étudiants se dégradent. Près de la moitié d'entre eux doivent désormais travailler en parallèle de leurs études pour faire face à l'augmentation du coût du logement et de la vie étudiante, et un sur cinq se trouve en dessous du seuil de pauvreté. Cette précarité a été particulièrement accentuée par la crise du covid-19. Certains étudiants ont été confrontés à l'incapacité de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires face à l'augmentation des dépenses courantes. D'autres sont restés confinés dans des logements parfois insalubres.

Cette paupérisation dénoncée depuis de nombreuses années par les syndicats étudiants et par les sociologues ne vient pas de nulle part. Tout d'abord, les réformes de l'enseignement supérieur et du marché du travail ont été la force motrice de la montée des inégalités et de la pauvreté. Par ailleurs, les gouvernements successivement au pouvoir ont baissé le montant des dotations publiques allouées aux CROUS et aux établissements supérieurs. En outre, depuis 2017, les aides personnalisées au logement sont constamment revues à la baisse – un désengagement de l'État qui a conduit les étudiants à suivre la voie de la débrouillardise et des emplois précaires, et à être particulièrement exposés aux risques psychosociaux.

Malgré les alertes et les mobilisations étudiantes, notamment en novembre 2019, lors de l'immolation d'un jeune étudiant lyonnais, l'État n'a jamais pris ce problème à bras le corps. Avec La France insoumise, nous avons pourtant proposé en 2017 l'instauration d'une allocation d'autonomie de 800 euros par mois pour les jeunes de 18 à 25 ans, pour une durée de trois ans, dans le but de garantir, aux étudiants notamment, des conditions d'existence décentes.

Pendant la crise sanitaire, avec la députée Muriel Ressiguier, nous avons élaboré, à partir du livret thématique de La France insoumise consacré à la jeunesse, une série de mesures d'urgence susceptibles d'apporter une réponse à cette insécurité économique sur le court et le moyen terme. Nous demandions notamment la prolongation des bourses pendant les deux mois d'été et le gel immédiat du paiement des loyers pour les étudiants en cité universitaire. Mais, confronté aux conséquences de sa propre politique, le Gouvernement n'a pas pris en considération nos propositions. Il s'est contenté, pendant la crise sanitaire, d'octroyer une aide ponctuelle et insuffisante de 200 euros à moins de la moitié des étudiants.

De nombreux jeunes risquent aujourd'hui de payer le prix fort de la crise sanitaire et de cette inaction. La récession économique à venir n'augure en effet rien de bon concernant l'avenir des plus précaires. Déjà, la période estivale s'annonce particulièrement délicate pour trouver un stage, un premier emploi ou un emploi alimentaire.

Ce contexte nous impose d'oeuvrer urgemment à la construction d'un nouvelle protection sociale étudiante. Pour cette raison, je voterai, avec le groupe La France insoumise, en faveur du projet de résolution invitant le Gouvernement à l'instauration d'un revenu étudiant. Le Gouvernement doit donner les moyens de l'indépendance matérielle à ceux qui contribueront, une fois diplômés, à bâtir l'avenir de notre pays. En outre, le revenu étudiant proposé par le groupe communiste rejoint en partie nos propositions. Cette résolution nous renvoie à un combat politique commun : l'émancipation de la jeunesse.

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