Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 13 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2017 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Un jour, on a donc compris que lorsqu'on posait des conditions, les banques ne plaçaient pas leur argent dans l'économie réelle. Qu'a-t-on fait ? On leur a dit qu'on leur donnait tout l'argent qu'elles voulaient, contre rien. On leur a donné 80 milliards par mois. Au bout de quatre ou cinq mois seulement, alors que l'économie était entrée en dépression dans la zone euro, ce qui est la catastrophe totale, l'argent a commencé à ruisseler et on a vu la production européenne remonter la pente, si bien qu'on considère aujourd'hui qu'il y a un « mieux ». Le mieux, c'est une croissance de 2 %. Il a fallu injecter gratuitement dans l'économie européenne plus de 2 000 milliards d'euros, ce qui correspond à une année de production totale de la France, pour qu'aussitôt on voie la machine se relancer ! C'est bien la preuve qu'il suffit d'injecter de l'argent dans l'économie réelle pour que la machine redémarre et que les impôts et les taxes remettent les budgets d'équerre.

Oui, cette question se pose avec une urgence absolue. On évoque sans cesse la dette publique, et tout le monde oublie la dette privée. Or celle-ci, en France, est supérieure à la dette publique. Les Français ne doivent pas seulement 2 200 milliards de dette publique ; ils doivent un peu plus de la même somme en dette privée, ce qui fait un total de 4 500 milliards. La seule manière de soigner la dette privée, surtout quand vous avez une bulle financière, c'est de relancer l'économie réelle, parce que c'est elle qui va permettre, au moins à ceux qui ont emprunté, de ne pas être défaillants – car c'est par là que les bulles éclatent. C'est la première remarque que je voulais faire, qui n'entre nulle part dans les hypothèses économiques qui ont servi à construire ce budget.

Évidemment, la question de la dette se pose à l'Europe entière, et je vous propose donc une mesure qui me semble indispensable. Si nous ne faisons rien, si nous continuons avec l'absurde règle d'or, qui ne tient aucun compte des effets des cycles économiques, si nous n'en finissons pas avec tout cela, que va-t-il se passer ? Les tensions entre les nations vont s'exacerber, parce que, partout, l'État et les services publics reculent, ce qui vide de son sens même l'existence de la nation, qui ne peut pas être autre chose qu'une communauté de solidarité. Il faut régler la question de la dette, parce que c'est en son nom que ces politiques de coupes claires sur les services publics sont menées. C'est à cause d'elle qu'ont lieu les manifestations absurdes de ces 60 000 voyous d'extrême droite en Pologne…

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