Intervention de Guillaume Chiche

Séance en hémicycle du vendredi 31 juillet 2020 à 21h30
Bioéthique — Article 19 bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Chiche :

Tout comme lors de notre débat en première lecture, personne ne peut prétendre aujourd'hui détenir la vérité absolue. Je me réjouis, à cet égard, du ton employé par les différents orateurs dans leurs interventions, quels que soient par ailleurs les avis exprimés sur ces amendements de suppression.

Pour ma part, je soutiendrai la position de la commission spéciale en faveur de l'article 19 bis, qui autorise le DPI-A à titre expérimental et pour une durée de trois ans, et m'opposerai donc aux amendements de suppression.

Tous les spécialistes auditionnés par la commission spéciale nous ont expliqué que le diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies était de nature à limiter le nombre de tentatives infructueuses ou de fausses couches dans le cadre d'une procréation médicalement assistée. C'est un fait largement reconnu, qui a d'ailleurs servi d'argument à ceux qui, au sein de la représentation nationale, ne souhaitent pas voir se déployer cette technique médicale. Je condamne, quant à moi, la critique d'eugénisme formulée à l'encontre du DPI-A, car il n'y a ni eugénisme ni coercition dans la volonté de soutenir jusqu'à au bout un projet parental et la possibilité d'avoir un enfant à qui transmettre de l'amour.

Nous étions tous d'accord, en première lecture, sur le fait que le DPI-A permet de diagnostiquer des anomalies génétiques ou chromosomiques. C'est précisément la raison pour laquelle certains considèrent qu'il faut l'interdire : ils craignent – et je suis en désaccord avec eux – qu'il n'alimente la quête de l'« enfant parfait ». C'est aussi la raison pour laquelle certains autres, dont je suis, le défendent, au motif qu'il peut permettre de limiter le nombre d'échecs en matière de PMA.

Comme cela a été rappelé maintes fois, recourir à l'aide médicale à la procréation, c'est s'engager dans un parcours douloureux et s'exposer à de nombreux échecs. Une PMA a 80 % de probabilité d'échouer, soit autant d'espoirs détruits et de séquelles physiques. S'engager dans une PMA, c'est risquer des fausses couches successives ; c'est s'entendre dire par son médecin : « Cette fois-ci, ça n'a pas marché et vos chances seront encore moins grandes à la prochaine tentative. »

Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, je vous vois faire non de la tête. Je n'ai pas la prétention d'être un spécialiste ou un scientifique, ni de maîtriser parfaitement les mécanismes de la procréation, mais j'ai essayé, depuis dix mois, de m'enrichir des auditions que nous avons menées et je ne fais que rapporter des propos tenus par des experts.

Autoriser le diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies, c'est limiter le nombre d'échecs dans la PMA et limiter les souffrances pour des milliers de femmes. Entre 23 000 et 24 000 enfants naissent de PMA chaque année en France. Le taux d'échec étant en moyenne de 80 %, cela signifie que 92 000 tentatives se soldent par des échecs. Chaque année, 92 000 personnes – parfois les mêmes – s'entendent expliquer qu'il faudra tout recommencer et que leur projet parental n'est pas viable.

Monsieur le ministre, vous proposez un programme hospitalier de recherche clinique qui débuterait en 2020 et durerait quatre ans.

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