Intervention de Pierre-Alain Raphan

Séance en hémicycle du lundi 21 septembre 2020 à 16h00
Programmation de la recherche — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Raphan, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Quand on aime son pays, on investit dans la recherche. Aucune grande nation ne peut s'accomplir sans nourrir une ambition exigeante, visible tant par la place qu'elle accorde à la recherche dans ses priorités politiques, que par le soutien qu'elle montre envers l'excellence de ses sciences. En effet, investir dans la recherche revient à croire en son avenir, en sa jeunesse, en l'aboutissement victorieux des défis que nous devons relever collectivement. Je parle ici des grandes transitions actuelles : écologique, sanitaire, technologique et politique.

La France a toujours été une grande nation de recherche et d'innovation ; grâce à ce texte, qui soutient une vision à la hauteur des enjeux, elle le restera. La période difficile que nous venons de vivre collectivement a éclairé le besoin de savoir, c'est-à-dire de comprendre, ce qui se passe, ce qu'il convient de faire, ce qu'il faut expliquer. Nous avons constaté que l'incertitude engendrait des inquiétudes et des tensions, lesquelles alimentent le débat.

Savoirs, ignorances et controverses semblent actuellement se valoir ; cela engendre un cercle vicieux qui alimente le doute, y compris envers la science elle-même, pourtant chargée de le dissiper. La recherche et les sciences servent à décrire les choses ou les événements, à en proposer des interprétations et à leur donner du sens. Elles nous aident à évoluer dans les savoirs et les pratiques, tout en mesurant leurs conséquences en matière d'éthique et à définir une méthode claire et rigoureuse. Enfin, elles apportent des réponses sur le passé et découvrent les moyens de mieux vivre dans l'avenir.

Notre société a besoin de mieux valoriser ses sciences et de mieux les diffuser car elles constituent un des derniers remparts démocratiques. Nul n'ignore, par exemple, les enjeux du développement technologique pour le travail, notamment avec l'essor du numérique dans tous ses aspects. Nul ne devrait ignorer le rôle des technologies dans l'information, avec la diffusion de fausses nouvelles, favorisée, d'un côté, par la connaissance du fonctionnement de notre attention et, d'un autre côté, par sa méconnaissance. Nul ne peut ignorer le risque d'une faible place accordée à la culture scientifique dans notre culture générale.

Nous devons donc avoir conscience du rôle que joue la recherche et de la place de ses animateurs dans la société ; du rôle que doivent jouer les décideurs politiques, économiques et culturels pour favoriser ses progrès et du rôle que tout un chacun peut jouer pour y participer et s'y intéresser.

Le partage des contenus et des méthodes est fondamental. La science progresse de façon non linéaire, et souvent invisible pour la plupart d'entre nous, bien que les acteurs s'emploient à rendre accessibles leurs travaux. Elle progresse également grâce à l'interdisciplinarité, qui permet le partage des connaissances autant que du sens.

Du côté des chercheurs, il conviendrait de lever des freins tels que l'emprise d'une bureaucratie d'un autre temps dans les processus d'organisation et d'évaluation, l'incertitude de pérennité des financements et la difficulté à diffuser massivement leurs travaux.

Pour toutes ces raisons, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche représente une nécessité pour notre pays, au-delà d'être un engagement fort de la majorité.

La France excelle dans ce domaine : au sein même de notre assemblée, certains de nos collègues en ont été de grands ambassadeurs – je pense à Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields de mathématiques.

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