Intervention de Cédric Villani

Séance en hémicycle du mercredi 23 septembre 2020 à 21h30
Programmation de la recherche — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani :

J'ai participé avec d'autres parlementaires et d'autres scientifiques aux travaux de préfiguration antérieurs à ce projet de loi pluriannuelle de la recherche et je me réjouis de voir le processus en passe d'aboutir, à l'issue de la navette parlementaire.

Il était urgent d'agir pour le monde de la recherche. Ses maux ont bien été décrits : manque de temps, de projets et de succès dans les appels à projets, précarité, sans parler d'une déprime d'ensemble sur laquelle le monde universitaire nous interpelle depuis des années. Les discussions que nous avions eues au début de nos travaux et que rappellent l'étude d'impact et l'exposé des motifs évoquaient cette déprime généralisée, et délétère puisqu'elle décourage nombre de jeunes de s'engager dans la recherche.

Pour réparer ces maux, la principale question est celle des moyens. C'est avant tout ce que nous apporte le projet de loi. Tout le reste en découle : la revalorisation, les projets et les postes.

L'argent, certes, ne fait pas tout, mais sans lui on ne pouvait pas espérer améliorer les choses. C'est ce qu'il faut, en premier lieu, retenir du texte : sa trajectoire financière. De véritables moyens sont mis sur la table, même si, comme beaucoup de mes collègues, je regrette qu'ils ne puissent être dégagés sur sept années, au lieu de dix.

Le quatrième volet du Programme d'investissement d'avenir et le plan de relance vous ont permis d'augmenter les sommes initialement prévues. Il eût été plus clair de disposer d'un ensemble consolidé, mais vous avez préféré que différentes sources apportent chacune leur eau au moulin. Quoi qu'il en soit, vous avez consenti un effort significatif.

Les nouveaux outils, en termes de ressources humaines, ont été abondamment commentés. La discussion parlementaire nous a permis de dire ce que nous pensions des CDI de mission. Si ceux-ci ne constituent pas des postes permanents, ils apportent du moins une amélioration par rapport à la répétition des CDD. Pour gagner en stabilité, il faudra davantage de moyens d'ensemble, qui permettront de créer plus de postes pérennes.

Je regrette que nous n'ayons pas restreint davantage le volume des chaires de professeur junior. Cela dit, nous avons déjà obtenu un progrès sur ce point en commission.

Mes principaux regrets concernent moins le débat parlementaire que le débat de société. Le dialogue avec la communauté des chercheurs et des universitaires a mal pris. Il a été très difficile de discuter de certains sujets, comme le partage entre les crédits de base et les appels à projet, ou les liens entre le public et le privé ou entre la recherche et l'enseignement supérieur.

Nos messages et notre vision, en dépit des malentendus, il faudra continuer à les soutenir bien après le vote de la loi.

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