Intervention de Guillaume Larrivé

Séance en hémicycle du mercredi 30 septembre 2020 à 15h00
Accélération et simplification de l'action publique — Article 25 ter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Larrivé :

Madame la ministre, sauf erreur de ma part, cet alinéa relatif à la compétence du Conseil d'État n'a pas été introduit dans le projet de loi initial, mais par voie d'amendement. Ma question sera donc très précise : le Conseil d'État a-t-il été consulté à ce propos ?

En effet, le Conseil d'État est d'abord le juge de cassation. Sa compétence en premier et dernier ressort est très limitée, ne concernant traditionnellement que les actes les plus élevés dans la hiérarchie des actes administratifs – vous évoquiez les ordonnances du Président de la République, les décrets du Président de la République et du Premier ministre ou les décrets de nomination en Conseil des ministres. Il ne s'agit donc pas de faire juger par le Conseil d'État le tout-venant de la vie administrative en premier et dernier ressort, car tel n'est pas du tout son office.

Je sais bien qu'il existe une certaine mode consistant à détricoter le code de justice administrative en confiant au Conseil d'État des contentieux de seconde ou de troisième catégorie, mais ce n'est pas à cela qu'il sert. J'ignore s'il a été saisi de cette question ni si le garde des sceaux a un avis à ce propos, mais cette confusion ne me semble pas être de bonne administration du service public de la justice administrative. Il existe un ordre des choses. Vous connaissez bien, madame la ministre déléguée, à titre professionnel, d'autres maisons de l'administration de l'État et, pour ma part, je connais un peu le Conseil. Si l'on veut que ce dernier, au-delà des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel, remplisse véritablement sa mission de régulation du droit public, il doit rester ce qu'il est, à savoir une cour suprême, et certainement pas un organe appelé à connaître en premier et dernier ressort de décisions qui en réalité ne relèvent pas de sa compétence habituelle directe.

La vérité, comme l'a dit bien plus éloquemment Marc Le Fur, c'est que, là encore, votre logique consiste à écraser toutes les procédures. Tout à l'heure, vous avez voulu empêcher les conseils municipaux de s'opposer au développement de l'éolien et avez écarté la plupart de nos amendements. Désormais, vous souhaitez écraser la pyramide juridictionnelle pour aller toujours plus vite vers un développement anarchique de l'éolien.

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