Intervention de Marine Le Pen

Séance en hémicycle du lundi 19 octobre 2020 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Article 31 et débat sur le prélèvement européen

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Le Pen :

26,8 milliards pour l'Union européenne, triste record ; 25 % d'augmentation pour le prélèvement sur recettes, rien que cela ! Le chiffre donne le tournis, d'autant qu'avant même cette hausse, le coût pour les finances publiques de notre participation à l'Union européenne était déjà considérable. En vingt ans, plus de 106 milliards d'euros – soit la différence entre ce que la France a versé et ce qu'elle a touché – lui ont été consacrés. Tant de milliards pour quels résultats ? Les derniers mois ont montré toute la vacuité de l'Union européenne.

Cette institution, totalement inefficace sur les grands enjeux actuels – je pense bien sûr à la crise sanitaire, à la crise de la mondialisation, à la crise migratoire, mais aussi au terrorisme – , vous proposez de lui donner encore plus de moyens. Avec cette augmentation spectaculaire, c'est quasiment une prime à la médiocrité ! Comme chaque année, les discussions du prélèvement sur recettes au profit de l'Union européenne font l'impasse sur le bilan de son efficacité. Heureusement pour vous…

Aveuglés par votre idéologie fédéraliste, vous êtes prêts à continuer de déverser des milliards, payés par le contribuable français, à cette institution, quels que soient les résultats, bien éloignés de l'intérêt de la France et des Français.

Alors que depuis presque un an le monde est confronté à une grave crise sanitaire, le rôle de l'Union européenne dans l'anticipation et la gestion de cette crise n'est guère brillant. Pire, elle a profité de cette période pour faire avancer son agenda fédéraliste, avec le lancement d'une dette commune, qui va coûter si cher à la France…

Permettez-moi quelques mots sur ce point, car il est indispensable, selon moi, de dire la vérité à nos concitoyens. Le Gouvernement répète dans les médias cet élément de langage simpliste : « 40 milliards d'euros du plan de relance ont été financés par l'Union européenne ». Ce plan de relance est non seulement inefficace financièrement, mais les conditions actuelles d'endettement souverain de la France sont plus avantageuses que celles obtenues dans le cadre de cet emprunt fédéral. Chacun d'entre vous se garde bien d'évoquer, en outre, le remboursement de ce prêt. Or, pour l'instant, c'est bien sur la base du PIB qu'est envisagé ce remboursement, ce qui pourrait coûter à la France environ 67 milliards d'euros. La participation de l'Union européenne au plan de relance va donc, en réalité, nous coûter 27 milliards, soit plus d'un point de PIB. Et je ne parle pas des contreparties demandées par l'Union européenne, dont la funeste réforme des retraites, évoquées par Bruno Le Maire en commission.

Le principe de la mutualisation de la dette, béatement et unilatéralement adopté par M. Macron, sans consultation du peuple français, est un déni de démocratie manifeste et inacceptable. Dans le concert des nations, l'Union européenne ne s'occupe même pas de défendre ses propres membres. Le soutien tardif, inopérant et bien faible apporté à la Grèce, agressée par la Turquie, en est le dernier exemple. Pire, dans le même temps, l'Union européenne continue de financer la Turquie et d'accepter son chantage aux migrations, notamment en prélevant plusieurs centaines de millions d'euros dans des fonds normalement destinés à l'agriculture !

Au sujet des migrations, comment ne pas évoquer le nouveau pacte sur la migration et l'asile de Mme von der Leyen, dont les trois piliers – encourager les migrations, dissuader les expulsions et installer l'immigration – sont les exacts opposés des objectifs qu'il conviendrait de viser et que les Français attendent ? J'ai bien noté que le Gouvernement, par votre voix, monsieur le secrétaire d'État, considérait que nous mentions. J'attends toujours le début du commencement d'un argument pour soutenir votre accusation. Pour paraphraser Marguerite Yourcenar, nous n'avons pas tort d'avoir raison trop tôt !

Cette Europe-là, nous n'en voulons pas et je crois que les Français n'en veulent pas non plus. Il est temps que notre budget soit consacré en priorité à la France et aux Français, comme il est temps de baisser de façon substantielle notre participation financière à l'Union européenne.

Vous le savez, la construction européenne que nous appelons de nos voeux est celle de l'alliance européenne des nations : nous souhaitons une Europe respectueuse de la liberté des peuples et des souverainetés des nations, une Europe dont le financement ne doit pas ruiner les Français.

Je ne serais pas complète si je ne vous disais pas, au nom de millions de Français, que cette augmentation est d'autant plus inadmissible que nos hôpitaux, nos forces de l'ordre, nos PME-TPE ou encore nos familles modestes auraient bien besoin de ces milliards gaspillés. En quoi le fait de les donner à l'Union européenne pour n'en récupérer qu'une partie va-t-il aider les 6 millions de chômeurs ou les 9 millions de pauvres que compte notre pays ?

En quoi cette contribution aidera-t-elle les petits entrepreneurs, qui voient s'effondrer le chiffre d'affaires de leur entreprise ? Ces milliards auraient pu être utilisés pour annuler les charges et les impôts réclamés en ce moment même à nombre de nos concitoyens. Incontestablement, nous n'avons pas les mêmes priorités.

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