Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Séance en hémicycle du mercredi 4 novembre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

Pourquoi donc vous entêter dans cette voie ? Vous parlez de soutien à l'emploi et vous vous réjouissez de votre politique alors que des dizaines de milliers de femmes et d'hommes souffrent de la pénurie d'emploi partout dans les outre-mer. L'objectif de la mission « Outre-mer » aurait dû être le plein emploi à une certaine échéance. Pourquoi pas ? Nous aurions aimé entendre que nous pouvons réussir à atteindre cet objectif. Mais rien ! Vous ignorez les conséquences du chômage de masse, et la politique d'insertion des jeunes par le service militaire adapté n'existe plus. Nous savons tous que c'est un modèle qui marche. Pourquoi ne mettez-vous pas le paquet sur ce sujet ?

Vous ne créez pas les conditions pour satisfaire les attentes des jeunes et les besoins des entreprises dans les territoires. Pour quelles raisons ? Les actions de formation professionnelle en mobilité, l'un des volets de la mission, donnent-elles satisfaction à celles et ceux qui y ont accès ? Il suffit d'interroger ces jeunes et leurs familles pour constater que leur situation reste très compliquée.

Vous vous vantez de conduire une politique ambitieuse en matière de logement social. Lors de votre récente visite à La Réunion, vous avez répété que certains crédits n'étaient pas utilisés, mais qu'avez-vous fait pour pallier les carences ? Pas grand-chose. En revanche, dans les familles, le désastre continue. Le surpeuplement dans les maisons, la dégradation de la santé pour cause d'insalubrité des logements, le mal-être des enfants et les conséquences du mal-logement sont loin d'être négligeables, et vous le savez.

Sur le plan sanitaire, le problème de l'eau se pose avec acuité, qu'il s'agisse de sa qualité ou de sa distribution. Comment se fait-il que cette question ne fasse pas l'objet d'une véritable politique nationale ? Vous avez choisi de laisser des dizaines de milliers de familles sans eau du robinet ou seulement alimentées en eau de mauvaise qualité. C'est grave, monsieur le ministre !

Qu'attendez-vous, par ailleurs, pour mener une véritable politique de transition écologique ? L'eau, le vent, le soleil, la mer, sont autant de richesses qui abondent en outre-mer ; et en ce domaine non plus vous ne faites pas grand chose. Nous pourrions aussi parler des personnes âgées. Que faites-vous pour elles, qui souffrent de plus en plus de l'isolement et d'un faible pouvoir d'achat ? Vous ne faites rien non plus pour opérer un rattrapage dans les services publics. Quelle est votre ambition pour l'éducation nationale, la santé, la police, la gendarmerie ? Des milliers d'ultramarins formés et compétents veulent retourner chez eux et se mettre au service de leur territoire d'origine. À quand une véritable politique de retour des ultramarins ?

Nous pourrions continuer longtemps comme cela, mais vous allez certainement vous vanter de la ridicule augmentation du budget de la mission « Outre-mer », d'ailleurs effacée par l'inflation. À cela je répondrai : « Aide à l'insertion et à la qualification » : moins 1,16 % ; « Logement » : moins 2,74 % ; « Aménagement du territoire » : moins 9,82 % ; « Appui à l'accès aux financements bancaires » : moins 44 % ; « Continuité territoriale » : moins 5,59 % !

Pour illustrer votre mauvaise volonté, j'ajoute que deux de mes amendements ont été déclarés irrecevables car prétendument hors sujet. Le premier portait sur le fonctionnement de l'Observatoire des prix, des marges et des revenus face à la persistance de la cherté de la vie en outre-mer. Le second proposait un état des lieux du service militaire adapté, afin d'amplifier son déploiement dans les outre-mer. Pourquoi les avoir refusés ? Vous confirmez ainsi que l'outre-mer n'est pas votre priorité.

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