Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 5 novembre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Mission travail et emploi (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Je vais présenter le sens général de ma longue série d'amendements : c'est un vrai tunnel, tout comme le tunnel dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui ; après la première vague, nous voici dans la deuxième vague et le conseil scientifique en annonce une troisième pour cet hiver et une quatrième en février. Le plus terrible, ce n'est pas de traverser ce très long tunnel, c'est de constater qu'il n'y a pas de lumière au bout. Vous n'allumez – et je dirai même nous n'allumons – aucune lumière. Pire que le présent, c'est l'avenir qui désespère. À quoi vous efforcez-vous, à coup de milliards, de dizaines de milliards, de centaines de milliards ? À replâtrer et rapiécer un monde usé, fatigué, épuisé ; un monde de croissance, de concurrence et de mondialisation ; un monde dont, intimement, les Français ne veulent plus.

Au milieu de ce tunnel, vous ne parlez pas – et nous ne parlons pas – du bonheur. Vous devriez, nous devrions dessiner l'après. Vous devriez, nous devrions, faire rêver pour demain, pour le printemps prochain. « Nous retrouverons les jours heureux », avait déclaré le Président de la République. Pourtant, vous n'inventez rien, nous n'imaginons rien.

Parmi ces amendements, certains dessinent des métiers d'avenir pour les jeunes et les moins jeunes – de quoi non seulement gagner sa vie, mais lui donner un sens, en soignant les petits et les grands, en réparant la planète et les bicyclettes, en s'occupant de poésie et des punaises de lit, en mettant de la beauté et de la musique dans nos vies.

Les cinq premiers amendements, que je défends ici, concernent les assistantes maternelles. Quoi de plus précieux, pour nous parents, que nos enfants ? Quoi de plus précieux aussi, pour le pays, que nos petits ? Ces petits, nous les confions aux crèches ou aux assistantes maternelles : ce sont elles qui les éveillent, c'est avec elles qu'ils prononcent leurs premiers mots et font leurs premiers pas. Elles remplissent ainsi un rôle essentiel, mais on les traite mal, très mal. Chaque mois de septembre représente une angoisse pour elles, car elles craignent de perdre plusieurs contrats. Leur statut est bâtard car, supposément salariées des parents, elles sont quasiment auto-entrepreneurs puisqu'elles produisent bien souvent leur propre fiche de paye. Quant à leurs revenus, ils sont pour le moins très fluctuants.

« Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd'hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal », a dit le Président de la République. Pourtant, les assistantes maternelles ont été oubliées de la prime covid-19, de même qu'elles sont les oubliées du PLF, dans lequel le mot « assistante maternelle » ne figure pas. C'est la raison pour laquelle je propose d'améliorer leur statut et leurs revenus avec de meilleures formations, avec un fonds de prévention du non-paiement des sommes qui leur sont dues, avec de nouveaux recrutements, avec l'instauration d'une heure de discussion hebdomadaire entre collègues et, enfin, au travers de la nomination d'un référent au sein de Pôle emploi. Lorsqu'elles se rendent dans une agence, il est fréquent que les conseillers ne comprennent pas leur situation atypique, notamment parce qu'elles ont plusieurs contrats simultanément. Je propose donc d'aider à structurer le métier d'assistante maternelle.

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