Intervention de Amélie de Montchalin

Séance en hémicycle du lundi 9 novembre 2020 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Mission transformation et fonction publiques (état b)

Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques :

Cet amendement vise à accélérer la lutte contre l'assignation à résidence, véritable pilier de notre action dans tous les domaines, comme je le disais dans mon propos liminaire. Nous voulons que la fonction publique que nous apprécions puisse redevenir un ascenseur, ou un escalier, social dans notre pays. Avec 5,5 millions d'agents, nous nous devons d'être exemplaires.

Il faut donc diversifier le profil des hauts fonctionnaires. Quelques chiffres : dans la dernière promotion de l'ENA – École nationale d'administration – , un seul élève, soit un peu moins de 1,5 % de l'ensemble, a un père ouvrier. En 2006, c'était 4,7 %. En revanche, aujourd'hui, les pères de 76 % des élèves de cette école exercent des professions supérieures.

Soit on se contente de crier « République, République ! », soit on regarde cette réalité en face, en véritable républicain. Plutôt que d'en rester aux symboles, il faut prendre des mesures significatives pour concrétiser l'égalité des chances dans la fonction publique.

Certains d'entre vous ont aussi abordé la question de l'attractivité. C'est effectivement un défi, puisqu'en vingt ans, le nombre de candidats aux concours de la fonction publique en général a été divisé par deux.

Nous travaillons ainsi à la diversification des voies d'accès au concours pour les jeunes talents, issus de milieux défavorisés sur le plan social, ou qui ont grandi loin des métropoles et des centres d'enseignement supérieur.

Nous voulons faire vivre pleinement le principe, inscrit à l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, d'égal accès aux emplois publics.

Par cet amendement, nous vous proposons de prendre une mesure très simple, et efficace rapidement : renforcer les classes préparatoires intégrées, encore très peu connues, pour assurer un maillage territorial plus dense. Vingt-sept existent actuellement, qui accueillent 700 candidats aux concours de catégorie A et B.

J'ai rencontré récemment à Metz tous les directeurs des écoles de service public ; j'ai également échangé avec des jeunes qui ont suivi ces formations, et j'ai constaté combien celles-ci modifient la trajectoire de nombreux élèves. Elles leur permettent, après des études de droit ou d'économie, de passer un concours donnant accès aux fonctions d'encadrement de la fonction publique.

Notre objectif est de porter à 2 000 le nombre de places au sein de ces classes préparatoires. Le présent amendement marque une première étape significative, et vise à augmenter de 1 000 le nombre de places pour la rentrée de septembre 2021.

Cette politique est menée en lien avec de très nombreuses associations dont je salue le travail, comme La Cordée ou Chemins d'avenirs, qui font également la promotion de ces métiers et parcours, afin qu'ils soient mieux connus.

À terme, il faut que ces préparations aux concours deviennent diplômantes, permettant à tous les jeunes préparationnaires non admis de valoriser ces années de formation.

En complément de ce soutien pédagogique, nous avons doublé le montant de l'allocation pour la diversité dans la fonction publique, qui concerne les élèves de ces classes préparatoires, celui-ci passant de 2 000 à 4 000 euros.

Ce chantier est pour moi prioritaire. Si nous voulons recréer de la confiance entre les citoyens et l'État, nous devons nous assurer que la haute fonction publique est à l'image de la France d'aujourd'hui, et que chaque jeune, quels que soient son lieu de naissance et les moyens financiers de ses parents, a un avenir au service de l'intérêt général, qui ne peut pas être le privilège d'une élite.

Je vous remercie pour le soutien que vous apporterez à cet amendement qui, loin d'être symbolique, revêt une réelle portée politique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.