Intervention de Sophie Panonacle

Séance en hémicycle du lundi 9 novembre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Écologie développement et mobilité durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Panonacle, rapporteure pour avis de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

La crise de la covid-19 n'a pas épargné le secteur éminemment stratégique que constitue l'économie maritime. Toutes les filières de la mer, sans exception, ont été frappées avec une grande brutalité. Le rapport Happy blue days en a dressé le constat. Il est le résultat d'un large travail de concertation mené pendant le confinement du printemps avec toutes les composantes de la communauté maritime. Par ailleurs, le récent colloque national sur l'emploi maritime que j'ai initié se veut un signal fort et optimiste, associé à un objectif majeur : cap sur 1 million d'emplois !

Dans ce contexte de crainte et d'espoir, le retour, après trois décennies d'absence, d'un véritable ministère de la mer doit permettre à la France de se saisir pleinement de son destin maritime. Après le plan de relance, qui consacre 650 millions d'euros à l'économie bleue, le budget des affaires maritimes pour 2021 représente une nouvelle étape. Ce budget est stable : les autorisations d'engagement passent de 160 millions d'euros en 2020 à 155 millions en 2021, et les crédits de paiement de 161 millions à 159 millions. Le budget des affaires maritimes est calculé au plus juste afin d'être préservé dans la durée. Il est essentiel, car il permet de financer les politiques visant à rendre plus cohérente l'action régulatrice de l'État en ce qui concerne le navire, le marin et la mer ; de financer le dragage, indispensable pour le fonctionnement des grands ports maritimes ; et de financer la formation des futurs marins français, depuis les lycées professionnels maritimes jusqu'à la formation supérieure de l'École nationale supérieure maritime. Ce budget a donc toute son importance : il contribue à l'accélération de notre stratégie maritime.

Accélérer, mais aussi protéger : il faut protéger les filières les plus affectées par la crise, en particulier le transport maritime de passagers, soumis à la concurrence internationale. C'est pourquoi le quatrième projet de loi de finances rectificative pour 2020 prévoit l'ouverture de plus de 19 millions d'euros de crédits pour financer une aide exceptionnelle aux entreprises de transport de passagers.

Protéger, mais aussi renforcer : vous l'avez dit, madame la ministre, cela excède parfois le champ de votre ministère. À ce titre, je salue le travail engagé par le Gouvernement pour renforcer la compétitivité du pavillon français à travers le projet de « Fontenoy du maritime » annoncé par Annick Girardin, ministre de la mer. Il sera présenté dans les prochains jours, autour de quatre thèmes : la feuille de route sociale du marin, la compétitivité économique, la transition énergétique des navires et le rayonnement et la capacité d'influence du pavillon français. La concrétisation de nos objectifs en matière de verdissement du transport maritime doit s'appuyer sur un mix énergétique inspiré de l'ensemble des solutions disponibles : gaz naturel liquéfié, propulsion vélique, utilisation de scrubbers, hydrogène ou encore électricité à quai. La propulsion par le vent, technologie immédiatement disponible et entièrement décarbonée, anime déjà de nombreux projets d'avenir. Elle ne bénéficie pourtant que d'un soutien modeste de la part de l'État. C'est pourquoi j'ai déposé des amendements au présent projet de loi de finances.

J'insisterai sur un dernier point : tous les travailleurs de la mer ont été affectés par la crise. C'est pourquoi, en sus de la relance économique et écologique, une relance sociale de l'économie bleue est indispensable. Nos marins, notamment les jeunes et les femmes, doivent bénéficier de formations plus fluides, ouvertes sur le monde et adaptées à la transformation des métiers et des compétences partout en France, dans l'hexagone comme dans les outre-mer.

Il m'est impossible de conclure sans un mot de soutien et d'encouragement pour nos marins embarqués. Je sais la souffrance, et le mot n'est pas trop fort, qu'éprouvent ceux d'entre eux, et ils sont nombreux, qui sont bloqués à bord de navires, séparés depuis de longs mois de leurs familles en cette période cruelle de confinement. Ne les oublions pas.

Mes chers collègues, madame la ministre, monsieur le ministre délégué, en tant que rapporteure pour avis, je vous propose de regarder plus loin, sur le temps long : faisons de l'économie bleue le levier de l'excellence économique et environnementale de notre pays. Nous pouvons dès à présent poser les jalons d'une relance compétitive et vertueuse associant économie et écologie. Le projet de loi de finances que nous discutons est une étape supplémentaire dans le soutien à un volet compétitif et décarboné de l'économie maritime. La commission du développement durable et de l'aménagement du territoire a donné un avis favorable à l'adoption des crédits du programme 205 « Affaires maritimes ».

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