Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Séance en hémicycle du lundi 30 novembre 2020 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

Avec la crise sanitaire, je pensais naïvement que nous en avions terminé avec le monde d'avant. Malheureusement, il n'en est rien : vous n'êtes pas à la hauteur. Après 2,2 millions de cas de covid et plus de 52 000 morts en France, je pensais que le Gouvernement allait être aux petits soins pour la santé et les conditions de vie des Français et présenterait pour cela un budget de combat, mais force est de constater qu'il reste dans une forme de routine.

Bien sûr, vous ne manquez pas de vous gargariser des milliards annoncés pour ceci et cela, mais ces sommes correspondent à des mesures très limitées dans le temps, et le ministre des finances nous annonce déjà des années d'austérité pour rembourser les sommes dépensées en raison de la crise – une austérité qui a déjà détruit l'hôpital public et qui continue de détériorer l'ensemble des services publics, parce que les comptables qui dirigent notre pays envisagent nos biens communs comme des sources de dépenses, et non comme un investissement en vue d'une amélioration de la vie des Français.

Votre philosophie ne change pas : vous tendez toujours plus vers le privé et vous abandonnez le public alors que les personnels sont les héros de cette crise. Vous déléguez les missions de l'État au secteur privé, ce qui entraîne la fermeture de services, la diminution du nombre de lits et des personnels en sous-effectif, toutes choses qui portent atteinte à la qualité des soins.

En outre-mer, vous refusez toujours de revoir le coefficient géographique. Ainsi, alors que le CHU de la Réunion a enregistré une perte de plus de 20 millions d'euros au cours des derniers mois, l'État est resté absent, se contentant d'attribuer à la région une enveloppe de 6 millions d'euros. À Mayotte, la situation est encore plus difficile, et des évacuations sanitaires ont dû être effectuées vers la Réunion, avec les risques que cela comporte.

Je vous donne toutefois acte de l'allongement du congé paternité, de la pérennisation des maisons de naissance ou encore du financement d'une cinquième branche consacrée à la dépendance – une mesure qui, pour le moment, reste cependant une coquille vide.

Vous n'avez pas de vision à long terme et, de ce point de vue, les divergences sont si profondes entre l'Assemblée et le Sénat que la commission mixte paritaire s'est conclue par un échec. J'en donnerai deux exemples.

Votre prétendue modernisation du système de santé entraîne sa détérioration, avec le développement des hôtels hospitaliers, les urgences payantes, la suppression du ticket modérateur et son remplacement par un forfait payé par tous. Pour ce qui est de la branche vieillesse, c'est toujours l'incertitude quant à l'âge de départ à la retraite et le nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d'un taux plein. Les personnes âgées et les personnes en situation de handicap restent les grandes oubliées de votre politique. En plus d'être isolées, nos gramounes n'ont plus les moyens financiers pour vivre dignement.

Il ne faut pas perdre de vue qu'en termes de pouvoir d'achat, un euro en outre-mer n'équivaut pas à un euro dans l'Hexagone. En outre-mer, les bas revenus et la cherté de la vie détruisent les liens de famille. Comment améliorer le travail, l'accueil et le séjour dans les EHPAD ? Que faites-vous pour soutenir les milliers d'aides à domicile ? Que faites-vous pour aider les enfants qui abandonnent tout pour s'occuper de leurs parents âgés ?

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