Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du mercredi 2 décembre 2020 à 21h00
Assemblée de guyane — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

En réalité, l'idée n'est pas nouvelle. J'ai une pensée pour Justin Catayée, mon lointain prédécesseur qui, ici même, en 1960, avait fait adopter un amendement afin d'ouvrir la réflexion sur l'opportunité d'un tel statut sui generis. L'idée bénéficie désormais du soutien de la vaste majorité des représentants du territoire, comme en témoigne le vote du congrès des élus de Guyane de janvier 2020.

Ce nouveau statut permettra le transfert de nouvelles compétences à la collectivité territoriale de Guyane, en matière de gestion des ressources naturelles et du foncier, d'économie, de fiscalité et de culture ; seraient également concernés les domaines régaliens, comme la politique étrangère – dans le respect, bien sûr, des engagements internationaux de la France – , la sécurité ou l'immigration.

Ce ne sont pas uniquement les Guyanais qui y sont favorables. Lors de son second passage à Cayenne en avril 1960, le général de Gaulle s'était exclamé : « il est conforme à la nature des choses qu'un pays, qui a son caractère aussi particulier que le vôtre et qui est en somme éloigné, ait une sorte d'autonomie proportionnée aux conditions dans lesquelles il doit vivre ». François Mitterrand, en 1993, Jacques Chirac, en mars 1996, et Emmanuel Macron, plus récemment, se sont successivement prononcés en faveur d'une révision du cadre statutaire – sans jamais, hélas, dépasser le stade de la déclaration d'intérêt.

Voilà donc plus de soixante ans que nous nous battons pour que ce droit à la différenciation et à la décomplexification nous soit octroyé. N'est-il pas temps d'avancer sur cette question, puisque nous sommes manifestement tous d'accord, chers collègues ? Personne ne croit plus que l'avenir de l'outre-mer puisse se décider dans les bureaux parisiens. C'est pourquoi je profite de cette occasion pour lancer un appel au Premier ministre, qui n'a toujours pas répondu à la saisine de la collectivité territoriale de Guyane du 27 février dernier, et lui dire que les Guyanais sont prêts à exercer les compétences et une responsabilité locale accrues, en adéquation avec les réalités de leur territoire et leurs aspirations.

La loi 4D qu'il nous promet pour le premier semestre 2021 nous offre la chance d'enclencher réellement le débat sur cette évolution statutaire. Ne pas la saisir serait une faute, car l'effectif des élus, une simple question de forme, ne saurait l'emporter sur la question de fond : celle du cadre juridique permettant un véritable développement de notre territoire. Alors, comme nous y invitait déjà Félix Éboué en 1937, décidons ensemble de jouer le jeu de la raison et de la sagesse sur le fond, puisque, de toute évidence, nous sommes déjà d'accord sur la forme.

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