Intervention de François Cormier-Bouligeon

Séance en hémicycle du vendredi 12 février 2021 à 15h00
Respect des principes de la république — Article 25

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Cormier-Bouligeon :

À de nombreuses reprises, nous avons dans cet hémicycle fait référence à Samuel Paty, tué le 16 octobre dernier : lui rendre hommage est la moindre des choses que nous pouvons faire. Son assassin était un terroriste islamiste, Abdoullakh Anzorov. Ce réfugié russe d'origine tchétchène avait fréquenté dans son parcours vers la radicalisation islamiste une salle de lutte toulousaine connue pour des faits de communautarisme avérés.

Ce cas n'est pas isolé. Selon Olivier de Mazières, chef de l'état-major opérationnel de prévention du terrorisme de 2015 à 2017, tous les auteurs d'attentats terroristes depuis Mohamed Merah en mars 2012 avaient pratiqué le sport de façon intensive, soit en compétition, soit en entraînement quotidien. Il n'y a pas de contre-exemple ! La radicalisation en milieu sportif est particulièrement préoccupante, et doit être mise en relation avec des atteintes aux valeurs républicaines, notamment le principe de laïcité, et avec le communautarisme. Ces phénomènes sont particulièrement inquiétants en raison du grand nombre de licenciés : près de 16,5 millions de Français ont une licence sportive et la moitié d'entre eux sont des mineurs.

L'activité sportive est un puissant vecteur de transmission de valeurs. Dans notre pays, celles-ci sont traditionnellement des valeurs positives et éducatives. La charte d'éthique et de déontologie du sport français, établie par le Comité national olympique et sportif français – CNOSF – sur le fondement de l'article L. 141-3 du code du sport, rappelle les valeurs fondamentales du mouvement sportif français : ouverture ; accessibilité à tous ; respect du jeu, des règles, de soi-même, des autres et des institutions ; honnêteté ; solidarité ; tolérance ; égalité des chances et refus de toute discrimination.

On constate toutefois depuis plusieurs années que ces valeurs peuvent être dévoyées par des individus utilisant le sport comme vecteur de radicalisation vers le terrorisme islamiste. Le sport peut hélas être utilisé comme un moyen d'influencer les jeunes, notamment les mineurs.

Face à cela, notre feuille de route doit être claire et l'article 25 permet d'agir. D'abord, il renouvelle le cadre des relations entre l'État et le mouvement sportif : Mme Bono-Vandorme l'a dit, il met fin au régime de tutelle de l'État sur les fédérations sportives, pour passer à un régime de contrôle. Il conditionne ensuite l'obtention de subventions publiques par les associations et fédérations sportives à la signature du contrat d'engagement républicain. Il met en place une stratégie de promotion des principes du contrat d'engagement républicain auprès des fédérations ainsi que des ligues de sport professionnel. Nous avons déjà élargi le champ de ces dispositions en commission spéciale, en adoptant des dispositions pour renforcer la formation, pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles – c'est important dans le sport – et pour former des cadres des fédérations sportives aux valeurs de la République.

Nous irons encore plus loin en séance publique. Nos objectifs sont clairs : protéger nos concitoyens sportifs, protéger le mouvement sportif et ses acteurs et protéger notre nation.

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