Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du mardi 2 mars 2021 à 21h30
Moyens de remédier aux effets de l'épidémie de covid-19 sur la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Lorsque nous évoquons la jeunesse dans le cadre de la crise sanitaire, un paradoxe surgit : cette génération covid est peu affectée par le virus lui-même, mais subit de plein fouet ses conséquences. Cette génération covid, c'est celle des bacheliers, dont les conditions de préparation et de passage d'examen ont demandé beaucoup d'adaptations. Beaucoup ont relevé ce défi supplémentaire, mais l'incertitude concernant le baccalauréat 2021 n'offre guère de perspectives encourageantes pour les élèves concernés.

Dans le cadre de la commission d'enquête consacrée aux conséquences de la covid-19 sur la jeunesse, la question de l'allégement des programmes, plus particulièrement pour les classes à examen, a été soulevée. Les écarts se creusent en effet entre les élèves, ne serait-ce qu'entre ceux qui ont un accès aisé à internet et ceux qui sont confrontés à des difficultés que nous savons diverses – matérielles, financières, sociales. Toutefois, ce que nous pourrions qualifier de nivellement par le bas n'est pas une solution. Cet avis est partagé par les jeunes.

Un certain nombre de jeunes ont décroché ; d'autres risquent de les suivre. Pensons aussi aux nouveaux diplômés. Il est nécessaire de tous les accompagner. Rappelons que cette année, 700 000 jeunes entreront sur le marché du travail, où ils s'ajouteront aux 600 000 déjà victimes du chômage. Le Gouvernement a pris la mesure de ces difficultés aggravées par la pandémie, avec des mesures fortes qu'il déploie dans son plan « 1 jeune 1 solution ». Nous savons toutefois qu'il sera nécessaire d'aller plus loin encore pour une intégration durable des jeunes sur le marché du travail.

À l'occasion de plusieurs rencontres avec les étudiants de l'université de Valenciennes, je n'ai pu que constater la fragilité de leur situation psychologique et financière : leur isolement, lié à l'éloignement de leur département ou pays d'origine, accroît leur détresse. Mais j'ai également admiré leur lucidité sur leur situation, les aides qui leur sont apportées et la grande solidarité qui les unit. La présidence, les professeurs, le CROUS, les associations et les élus travaillent ensemble, depuis le confinement de mars 2020, pour aider les plus fragiles.

Oui, la crise a également révélé la force des acteurs locaux, qui connaissent bien les réalités des territoires. Cela m'amène à évoquer le sujet de l'accès des étudiants aux stages, déjà peu aisé avant la crise sanitaire et particulièrement complexe aujourd'hui. Je salue à nouveau la collaboration des régions et de l'État pour favoriser l'apprentissage par le biais d'aides aux entreprises. Madame la ministre, une réflexion sur le sujet de l'accès aux stages me paraît nécessaire.

Bien que nous ne puissions pas évoquer tous les aspects, fort nombreux, de la crise, il apparaît essentiel d'aborder celui de la santé des jeunes et des moyens qui lui sont consacrés. En effet, le confinement et les nouvelles pratiques ont exposé les jeunes, grands et petits, à une overdose digitale très inquiétante : troubles de la concentration, du sommeil, de l'apprentissage et du langage ; difficulté d'intégration pour les jeunes en situation de handicap. Enfin, la surexposition des enfants aux écrans engendre une hausse du cyberharcèlement et une grande vulnérabilité face au monde digital qui s'offre à eux. Beaucoup de parents se trouvent démunis, et des campagnes de sensibilisation à l'usage maîtrisé et raisonné des écrans seraient utiles.

Si l'accès au sport est particulièrement restreint pour des raisons sanitaires, nous savons combien le sport et la culture sont indispensables à l'épanouissement de chacun et des jeunes en particulier. Les activités 2S2C – sport, santé, culture et civisme – , proposées lors de la reprise des cours en mai dernier, s'inscrivent dans cette logique. Je suis persuadée que les établissements scolaires ont un rôle encore plus grand à jouer dans ce domaine. Ouvrir leurs portes aux artistes, dans le respect des règles sanitaires, est possible. J'ai ainsi lu qu'une compagnie valenciennoise allait intervenir dans des écoles belges : pourquoi ne pas profiter de la situation actuelle pour aider les enseignants à accueillir les artistes dans les écoles ?

Si la crise a révélé en surface nos faiblesses dans de nombreux domaines, elle a aussi fait jaillir une force et des capacités d'adaptation tout en révélant le rôle incontournable des acteurs de terrain. Appuyons-nous sur tous ces constats pour rendre espoir aux jeunes, espoir en l'avenir et en leur avenir : préparer l'après-covid-19, c'est préparer la société et la France de demain.

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