Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Débat consacré à l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Pour ce qui concerne l'aspect financier non plus, l'Europe n'est pas en « mode commando ». Le Président de la République a eu beau dire que nous étions en guerre contre le covid, il n'a manifestement pas mobilisé les commandos. Les États-Unis, réputés pourtant pour leur goût du libéralisme, n'ont pas d'état d'âme lorsqu'il s'agit de répondre à l'urgence, y compris en finançant des sociétés privées avec des fonds publics pour faire aboutir un objectif jugé essentiel. À raison, ils ont jugé cruciale la vaccination. Ainsi, ils ont lancé il y a un an l'opération Warp Speed, qu'ils ont dotée de 10 milliards de dollars, ce qui leur a permis dès février 2020 d'accélérer les activités de recherche. Pour cela, ils ont agi sur deux volets : des financements publics par le biais de la collaboration avec des entreprises privées et de l'investissement direct dans la production de vaccins.

Les moyens déployés par l'Europe semblent trois fois moindres : 3 milliards d'euros pour le fonds vaccins et 1 milliard pour la recherche sur le covid, ce qui n'inclut pas que les vaccins. Je dis « semblent » parce que la Commission européenne ne nous répond pas quand nous lui demandons une vue d'ensemble de tous les financements, ceux de l'Union européenne et ceux des États membres, ce qui nous permettrait une meilleure comparaison avec les États-Unis.

Pour ce qui est enfin de la capacité industrielle, le commissaire européen Thierry Breton dirige la nouvelle task force de la Commission sur les capacités de production des vaccins, notamment pour mettre fin aux goulots d'étranglement de production. Certes nous n'avons jamais été dans notre histoire confrontés à une telle demande de vaccins, dans un laps de temps aussi court. Mais il faut reconnaître que d'autres font désormais mieux que nous. Cette faiblesse de production doit nous inciter à agir vite autour de principes fondamentaux : redevenir le continent du progrès, d'un progrès partagé. Avoir une démarche offensive et mettre fin à la politique de la direction de la concurrence qui, au nom du dogme de la concurrence parfaite, est en train de nous saborder au point de faire disparaître toute notre industrie et tous nos champions européens et nationaux. L'industrie doit être la priorité et non la concurrence. L'Europe doit s'affirmer comme puissance, sinon elle se désagrégera et nous y perdrons tous. Que le Danemark et l'Autriche se tournent vers Israël pour les vaccins illustre le risque d'un futur décrochage géopolitique.

En conclusion, si l'Europe nous sauve monétairement puisque sans elle il n'y aurait pas le moindre plan de relance dans aucun pays, si ce n'est en Allemagne, elle doit maintenant se sauver et nous sauver avec des projets concrets.

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