Intervention de Jean-Luc Lagleize

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Mutations du secteur aérien face aux défis économique et écologique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Lagleize :

On aurait pu espérer avoir tiré les leçons de ce qui a déclenché en 2018 le mouvement des Gilets jaunes… Plutôt que d'interdire certaines liaisons aériennes et de restreindre l'extension des aéroports, incitons les constructeurs et les compagnies à investir encore plus massivement dans la transition écologique et énergétique pour mieux mailler et désenclaver nos territoires.

Ne soyons pas dupes : les interdictions d'aujourd'hui entraveront le développement de l'avion de demain. Ce dernier pourrait pourtant permettre de créer de nouvelles liaisons transversales et régionales dans les territoires, ce que ne permet pas toujours le transport ferroviaire.

En nous attaquant frontalement au transport aérien, et par conséquent aux fleurons aéronautiques qui font la fierté de la France, nous allons à l'encontre de nos intérêts stratégiques et économiques et nous prenons, en matière de souveraineté, le risque de conséquences désastreuses. Nous sommes non seulement sur le point de perdre notre capacité à nous déplacer librement d'un point à un autre du territoire, mais nous mettons aussi en péril la préservation des emplois et du savoir-faire inestimable de notre tissu industriel.

Certaines de ces mesures sont d'autant plus incompréhensibles qu'elles sont décidées de manière unilatérale, sans aucune harmonisation aux niveaux européen et international, avec le risque sous-jacent de voir les acteurs de la filière délocaliser leur production ou se détourner vers d'autres hubs aéroportuaires, sans que cela ne contribue pour autant à la transition écologique que nous appelons de nos voeux.

Notre rôle, en tant que politique, doit être de donner un cap et une vision pour ce secteur. Or la seule vision qui semble se dessiner dans le débat public est celle de forcer le secteur aérospatial à mettre la clé sous la porte. Ne tombons pas dans la facilité et la recherche du bouc émissaire parfait. Au contraire, soyons ambitieux comme l'étaient Louis Blériot, Jean Mermoz ou les fondateurs de l'Aérospatiale. Nous le méritons, car Toulouse, la région Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et la France dans son ensemble sont le berceau de cette industrie : nous avons vu voler les pionniers et naître des programmes civils révolutionnaires comme le Concorde, le Beluga ou l'A380.

Je suis persuadé que nous avons toutes les capacités techniques et l'intelligence humaine pour devenir la nation capitale et les pionniers mondiaux de l'aviation verte ; donnons-nous en les moyens. Ne manquons pas l'embarquement, puis le décollage, vers cet avenir radieux et ne laissons surtout pas d'autres pays nous ravir cet énorme potentiel.

Mes chers collègues, vous l'aurez compris, la situation du secteur aérien est urgente tant d'un point de vue économique qu'écologique. Monsieur le ministre délégué, alors que la France prendra la présidence du Conseil de l'Union européenne au premier semestre 2022, le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés vous demande instamment d'inscrire ces sujets cruciaux à l'ordre du jour des discussions européennes à venir. Nous mesurons la chance d'avoir un pilote aux bancs des ministres et nous comptons donc sur votre soutien et votre ambition pour faire décoller un transport aérien plus solidaire, plus souverain et plus durable en France et en Europe.

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