Intervention de Luc Lamirault

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Mutations du secteur aérien face aux défis économique et écologique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLuc Lamirault :

Depuis maintenant près d'un an, le transport aérien traverse une crise liée à la situation sanitaire : la plupart des vols sont à l'arrêt, les aéroports sont vides et les perspectives du secteur sont clairement incertaines. Air France-KLM a annoncé une perte nette de 7,1 milliards sur l'année 2020 et un chiffre d'affaires en baisse de 59 % par rapport à 2019. Rappelons que le secteur aéronautique est la première filière d'exportation française ; avec l'épidémie, c'est la dégringolade : 45 % de baisse des exportations dans l'aéronautique. C'est tout le commerce extérieur de notre pays qui se retrouve en péril. Or la filière aéronautique en France représente 1 300 entreprises et 300 000 emplois directs ou indirects. Tout cet écosystème fait vivre de nombreux ménages et participe à la dynamisation des territoires. La situation est fragile et instable : nous devons réagir, et vite.

Au défi économique s'ajoute le défi écologique : le transport aérien est responsable de 2,5 % des émissions de CO2 et de 5 % du réchauffement climatique. Ces dernières années, les émissions produites par le secteur ne cessaient d'augmenter, mais l'épidémie de covid-19 a provoqué une réduction de 56 %, démontrant ainsi a contrario l'importance du trafic aérien dans la création de CO2 et l'effet positif de sa diminution sur la qualité de l'air.

La crise sans précédent que traverse le secteur aérien nous amène donc à repenser la filière, qui doit mieux maîtriser son impact environnemental : c'est une condition indispensable pour préserver l'acceptabilité de ce mode de transport, sans laquelle il ne pourra connaître un développement pérenne. Ainsi, la relance économique espérée pour le secteur appelle une accélération de la transition écologique engagée dans notre pays et dans le monde entier. Le secteur aéronautique est un secteur stratégique pour notre pays et a un rôle central à jouer. La crise ne doit pas nuire à l'excellence de notre industrie, mais doit permettre à cette dernière de se réinventer et de contribuer aux objectifs de développement durable. Dans ce sens, le Gouvernement a sorti l'artillerie lourde : 15 milliards d'euros d'aides, d'investissements, de prêts et de garanties pour tenter de sauver le secteur. Cette somme ne doit pas seulement être une perfusion mais elle doit permettre de transformer la filière en profondeur.

À l'avenir, nous savons que des budgets supplémentaires seront nécessaires pour investir dans des énergies plus propres comme l'hydrogène ou l'électricité. En 2019, la ministre des transports de l'époque, Élisabeth Borne, nous présentait la stratégie nationale pour le transport aérien, fixant un cap, à moyen terme, en 2025. Face à la crise sanitaire et économique, ainsi qu'aux défis écologiques, je me demande si cette stratégie est toujours pertinente et réalisable. Le projet de loi climat et résilience, que nous serons amenés à examiner prochainement, va contribuer à poser le secteur sur une nouvelle base. Il est essentiel de repenser les transports aériens en y intégrant nos objectifs de développement durable.

À cet égard, l'hydrogène, combustible vert du XXIe siècle, naître de nombreux espoirs. Le Gouvernement souhaite soutenir cette filière avec un plan de 7 milliards d'euros d'ici à 2030. Dès février 2020, soixante-deux projets de recherche et développement ont été sélectionnés dans ce but pour un montant total de 376 millions. Dans la région Centre-Val de Loire, ce sont cinq lauréats qui ont été désignés par l'État.

Le groupe Agir ensemble se réjouit de cette accélération du soutien à la filière hydrogène. Mais sachant que d'autres pays – comme l'Allemagne, la Chine ou le Japon – investissent dans cette énergie, il est essentiel de poursuivre des initiatives européennes pour la développer. Les investissements nécessaires sont en effet colossaux : seuls, nous n'y arriverons pas. Pouvez-vous, monsieur le ministre délégué, nous faire part des discussions en cours et des prochaines échéances ? Notre objectif doit être de faire de l'Europe le leader mondial de l'hydrogène. Cependant, les incertitudes restent encore nombreuses, notamment concernant le stockage, l'aménagement des structures aéroportuaires et la sécurité. Trouvons rapidement des réponses à ces questions ! Nous ne pouvons pas être en retard dans ce secteur stratégique car nous devons, malgré la crise, conforter notre place de leader dans le secteur aéronautique.

En conclusion, faisons de la crise sanitaire une chance pour la transition de l'industrie aéronautique.

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